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Temps d’aimer: il a plu

Le festival de danse de Biarritz, qui s’est clos dimanche, dresse un des meilleurs bilans de son existence

Egilea
Kattalin Dalat
Komunikabidea
Le Journal du Pays Basque
Mota
Albistea
Data
2006/09/19

 Il faut dire qu’avant cette exclamation, la satisfaction bruissait déjà parmi le public, depuis le parquet du théâtre du casino municipal au parvis de la Gare du Midi, en passant par les gradins pentus du Colisée.La programmation a plu. Le succès a suivi malgré un temps à la pluie et le bouche à oreille avait précédé l’annonce officielle, qui décline tous les succès de cette seizième édition.Bien sûr, "il y a mille détails qui se sont bien passés grâce à l’équipe de Biarritz Culture", explique Jakes Abeberry, en énumérant également les prouesses des techniciens dans un festival réduit, la satisfaction de disposer d’infrastructures adaptées et de voir le festival s’étendre au sein de la médiathèque et jusque dans les locaux du Théâtre des Chimères, les bien nommées Découvertes."Le festival peut se promener", se réjouit-il.

Clins d’oeil à Biarritz

Côté programmation, Filgi Claverie avance un "bilan artistique très positif".Il y a bien sûr les "deux clins d’¦il à Biarritz" que rappelait Jakes Abeberry : la compagnie Beau geste qui rappelait, dans un duo avec une pelleteuse, tous les chantiers qu’a connu la cité impériale et l’hommage, dimanche soir, du jeune chorégraphe Jon Maya au sculpteur Jorge Oteiza, dont une ¦uvre trône désormais sur la place Bellevue (lire aussi ci-contre). Mais pour le programmateur Filgi Claverie, l’édition 2006 a également marqué de belles découvertes, comme le Scapino Ballet Rotterdam, qui a ouvert en beauté le festival malgré la difficulté de faire venir une troupe à l’agenda chargé à Biarritz.Au chapitre des bonnes surprises, Filgi Claverie a également cité la compagnie colombienne L’Explose et sa sombre mise en scène, compagnie qui poursuit sa route vers la Biennale de danse de Lyon, comme la 5e dimension de Jean Tamba (lire aussi ci dessous et en page 12).Le directeur artistique du Temps d’aimer a loué la venue des Brésiliens vigoureux de Sociedad masculina et la compagnie Beau Geste, qui rejoindra le 3 octobre un certain Angelin Preljocaj, auquel on doit déjà un spectacle éblouissant (Gare du Midi comble) et inaugurera, avec une pelleteuse-ballerine, son nouveau centre chorégraphique à Aix-en-Provence.

Performance

Enfin Filgi Claverie a rappelé la performance du Maribor Ballet (encore un spectacle complet) qui a surtout permis, selon le directeur de la programmation, "de lancer un appel à un public peu habitué à la danse", en composant sa chorégraphie sur la musique de Radio Head.D’une manière générale, Biarritz culture se réjouit cette année de la fréquentation d’un public de plus en plus jeune, ce qui, simultanément, augure d’un avenir radieux et salue un long travail effectué, notamment en direction du jeune public.

Le festival le Temps d’aimer a comptabilisé cette année 15600 spectateurs, dont 9 390 en salle.Le même bon chiffre que l’an passé, qui coïncidait avec la nouvelle formule plus dense et raccourcie du festival, et indiquait une augmentation de près de 1500 personnes sur l’édition antérieure.Avec un demi-million d’euros de budget, le festival a également estimé que 100 000 euros étaient "réinvestis dans le tissu économique de la ville".

L’oppression dans le langage des corps
Alors que la scène du casino de Biarritz, recouverte de terre, s’expose sous un éclairage cru et sans effet, une femme s’approche des spectateurs et les examine avec une amertume accusatrice. Elle pointe un pistolet vers eux et tire, laissant un public dans la stupeur du claquement sourd de son arme. Le ballet La Mirada del Avestruz (Le regard de l’Autruche), projetant artistiquement les séquelles de la violence quotidienne sur le peuple colombien, donne promptement le ton. Les danseurs de la compagnie L’Explose déposent à terre leurs chaussures et tentent tour à tour d’exprimer leur histoire dans un vacarme offensant, ou empêchés violemment par d’autres. Les corps portent sans cesse atteinte à la liberté de l’autre, lorsque ce dernier ne se livre pas lui-même à la perdition dans un ébat plein d’ivresse. Courant comme poursuivi, la parole empêchée, les danseurs se portent et se touchent avec rage, se défendent contre de multiples attentats à leur individualité, physique et morale. Dans une énergie au bord de l’épuisement où chaque danseur exprime sa perte d’identité et de pudeur, le chorégraphe Tino Fernandez accroche les corps les uns aux autres comme substituts à une patrie. Souillés par la terre, les personnages déracinés se lavent en vain. Ne trouvant pas d’appui, ils ne se relèvent qu’avec difficulté de leurs chutes incessantes et enchaînent des mouvements répétitifs dans une fatigue sourde, privée de repos.

Puis, a lieu un final déstabilisant, où des chaussures sont déposées en masse sur la scène, image chuchotant son message d’absence, de mort ou d’exil, d’intégrité disparue. Un ballet que l’on pourrait dire dérangeant, à l’image crue de la faux des pays en guerre et des libertés retenues jusqu’à l’étouffement. Une danse violente, bien que certains se demandaient s’il s’agissait bien de danse ce soir-là, et l’on parlera davantage d’expression corporelle. Pas de détente vendredi soir au Temps d’Aimer, mais un climat relativement lourd où l’on saluera, non pas l’art de la danse, mais celui de dévoiler et de faire ressentir par le seul langage des corps, le sentiment d’oppression et de perte de soi que la Colombie, en l’occurrence et comme bon nombre de pays, vit au quotidien.

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