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Second Rendez-vous basque au CCN de Biarritz
Le Malandain Ballet Biarritz invite ainsi le public très friand de traditions et de nouveautés à découvrir certaines facettes de la danse basque à travers des ateliers, rencontres, projections et spectacles. Cet événement soutenu par la Communauté d’Agglomération Pays Basque, la Diputación Foral de Gipuzkoa et organisé en partenariat avec l’Institut Culturel Basque et Lurrama, a pour vocation de favoriser des rencontres entre des compagnies de danse d’Iparralde (Pays basque Nord) et d’Hegoalde (Pays basque Sud).
Au théâtre du Casino, la création de Oskara de la compagnie Kukai Dantza entremêle délicieusement les racines populaires avec d’autres langages artistiques et autres styles de danse. La pièce débute avec un homme nu couché sur une table d’hôpital et entouré de médecins. L’image est brève, blessé et sans doute bientôt décédé, il disparait. Sur la toile de fond un long texte apparait qui, malheureusement, est écrit en basque et ne comporte pas de sous-titre.
On devine pour autant qu’il s’agit de poésie et de symboles forts alors que vêtus de costumes blancs traditionnels, les cinq danseurs interprètent extrêmement bien une série de tableaux, tous plus beaux les uns que les autres qui dessinent l’histoire de l’expérience humaine. Des rondes, des entrechats, des fouettés, de petits pas, mais aussi des attitudes très contemporaines, évoquent la vie au quotidien et parcourent des mythes de la culture basque de leurs origines à nos jours.
Le chorégraphe Marcos Morau (La Veronal) a parfaitement bien su tisser les liens entre légendes et vérités. La scène de la pelote basque dansée au ralenti est splendide. Les rondouillards épouvantails à oiseaux, effrayants et irrésistibles, l’homme au drapeau rouge évoque les longues querelles. Puis une séquence met en avant les charmants costumes d’époque, comme la danse du chevalet où l’homme batifole allègrement ceinturé par son canasson en dentelles et carton pâtes.
Grâce à un travail et une recherche très accomplis, Oskara réjouissant et raffiné n’a strictement rien de vieillot. Bien au contraire, il s’agit d’un vrai spectacle enrobé par des musiques locales et surtout des chants mélancoliques interprétés sur scène par Erramun Martikorena.
Cette œuvre dont la compagnie Kukai Dantza qui réside à Errenteria a reçu le Prix National de la Danse 2017 (identique aux Molières) n’est donc pas uniquement destinée au pays basque, elle séduira tout public en Europe et ailleurs.
En sortant de la salle, il est incroyable de poursuivre la soirée grâce à une cinquantaine de remarquables costumes traditionnels basques de Claude Iruretagoyena exposés dans le hall du Casino. Rouges et blancs et classés par thème : Carnaval (Ihauteriak), cavalcades (Kabalkadak), mascarades (Maskaradak), ils retracent toute l’histoire des fêtes locales. Claude, qui fait un énorme travaille de recherches confectionne lui-même ces tenues et possède environ 900 pièces. Il collabore avec la compagnie Maritzuli dont le principal objectif est de présenter des déambulations et danses de rue qui célèbrent les fêtes calendaires.
Je me souviens… Oroitzen Naiz
Autre moment très fort à la cinémathèque avec la diffusion du documentaire de Caroline Otero et Catherine Guillaud : Je me souviens… Oroitzen Naiz, qui retrace le travail de création de la pièce durant l’été 2011. Le chorégraphe Mizel Théret avait réuni trois danseurs exceptionnels - Jean Nesprias, Philippe Oyhamburu et Koldo Zabala - ayant en commun d’avoir consacré leur vie à la danse et à la culture basque. Les réalisatrices ont suivi les répétitions de cette pièce qui fut présentée à Biarritz le 29 septembre 2011, ont capté les échanges, les souvenirs partagés avec joie ou douleur ainsi que l’enthousiasme et les difficultés physiques inhérentes à leur âge des ces trois immenses artistes.
Danseur, chorégraphe, musicien, chef de chœur, auteur, homme de radio et conférencier, Philippe Oyhamburu (né en 1921) a œuvré toute sa vie pour faire connaître la culture basque, notamment à la tête des Ballets et Chœurs Etorki avec lesquels il parcourra le monde pendant plusieurs décennies.
Jean Nesprias, (né en 1927), danseur, chorégraphe et txistulari renommé au Pays Basque, il n'a eu de cesse depuis l'âge de 12 ans de transmettre, diffuser, vulgariser la danse basque, tant sur le plan scolaire qu'associatif et de mettre en scène le folklore et les traditions du Pays Basque.
Danseur, chorégraphe, pédagogue, Koldo Zabala (né en 1936) a consacré toute sa vie à la danse. Formé à la danse traditionnelle basque, puis à la danse classique, féru de danse contemporaine, il n'a cessé de nourrir toutes ses créations de ces différents apports. Il a connu l'exil dès son plus jeune âge, pour cause de guerre civile en Espagne et cette épreuve a forgé son identité de basque.
Ces trois hommes qui n’étaient pas vraiment amis et qui se sont concurrencés durant toutes leurs carrières, ont, non seulement accepté de participer au projet d’une création avec Mizel Théret, mais surtout, ne s’attendaient à ce que naisse une amitié indéfectible entre eux.
Le documentaire retrace avec humour, tendresse et allégresse, des souvenirs à la fois drôles, dramatiques et bouleversants de chacun, mais surtout, il y transpire une folle joie de vivre. Les répétitions s’avèrent parfois difficiles et le passage où Jean Nesprias ose pour la première fois de sa vie ôter son béret est d’une puissante émotion. Avec leurs incroyables présences et leurs fortes personnalités, Je me souviens… Oroitzen Naiz est un très grand moment terriblement touchant !
Présent dans la salle, les yeux pétillants de malice, Philippe Oyhamburu a confié avoir vécu en 2011 l’un des moments les plus forts et les plus intenses de toute sa brillante carrière.
Les stages et ateliers
Des stages pour danseurs confirmés et des ateliers pour débutants furent proposés par Bilaka, dirigé par Mathieu Vivier. Il s’agit d’un pôle de production chorégraphique d'Iparralde qui naît d'une grande ambition d’impulser une nouvelle dynamique pour la création artistique basque au travers d’un espace de rassemblement des danseurs et musiciens basques confirmés, venant d'horizons différents et souhaitant s’engager dans une démarche collective de création artistique. Entre répertoire traditionnel et expérimentation, Bilaka est un outil ouvert à tous les interprètes, tous les créateurs et toutes les esthétiques de la danse basque.
Gastronomie
Hasard ou coïncidence, mais durant ces rendez-vous basques du Malandain Ballet Biarritz, se déroulait le Lurrama, la ferme Pays Basque, à la halle d’Iraty. Veau, vaches, cochons, poulets, ânes… et surtout de succulentes spécialités gastronomiques ainsi qu’un immense repas des chefs agrémenté de danses et chants basques firent le bonheur des petits et des adultes. C’était joyeux et chaleureux.
Durant ces quelques jours dédiés à la culture basque dans ses nombreux domaines, on avait le sentiment d’être loin de tout, immergé au sein de découvertes historiques et contemporaines grâce à tant de rencontre d’artistes et de passionnés.
Sophie Lesort
Vu à Biarritz les 8 et 9 novembre
Oskara de la compagnie Kukai Dantza
Directeur : Jon Maya Sein
Chorégraphie et mise en scène : Marcos Morau
Assistantes chorégraphiques : Lorena Nogal, Marina Rodriguez
Dramaturgie : Pablo Gisbert
Danseurs : Alain Maya, Eneko Gil, Ibon Huarte, Martxel Rodríguez, Urko Mitxelena
Chant : Erramun Martikorena
Costumes : Iraia Oiartzabal
Création musicale : Xabier Erkizia, Pablo Gisbert
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