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Quand la culture bégaye

Répétitions publiques à l’image d’une politique culturelle en atermoiement

Komunikabidea
Le Journal du Pays Basque
Mota
Albistea
Data
2005/09/15

Citons leur extension transfrontalière, leur "Accueil studio" (résidences de compagnies), et la formule répétitions publiques...



La répétition publique est justement une formule qu’a privilégiée le festival, puisqu’elle constitue une bonne moitié de la programmation "scène ouverte", se tenant tous les midis au jardin public. L’idée est belle. Et pour peu qu’il fasse beau, comme hier avec la Cie Kelemenis, les gens apprécient. Mais guère plus. "On s’emmerde un peu" confie un spectateur. Il est vrai qu’il ne suffit pas d’entendre, même sonorisé, "un, deux, trois et un...", "on reprend", ou "ouvrez d’avantage", pour être soudain curieux de l’art de la danse...



Et comment en vouloir à une compagnie à qui l’on suggère le format ? Car cela devient presque un passage obligé. Un créateur fait l’artiste, ce qui est déjà beaucoup, mais fait aussi régulièrement le pédagogue ou le démonstrateur.



La faute n’en revient à personne, si ce n’est à une politique culturelle dont l’un des principes est le système de financement incitatif. Pour simplifier, lorsqu’un festival veut de l’argent, il lui faut un bon dossier. Qu’est-ce qu’un bon dossier? Un dossier bien ficelé, allant dans le sens de tous les critères édictés, mais surtout qui soit porté par des élus locaux ambitieux (un sénateur-maire, par exemple). À quoi est sensible un élu local ? À la presse locale.



Et qu’est-ce qui allèche le journaliste local, sinon la possibilité de commenter une discipline artistique à laquelle il ne connaît rien? Ce privilège assez couru (la section culture étant en général confondue avec la page loisirs), les dispositifs de médiation culturelle le facilitent à l’extrême (de l’anecdote, du social, du local)... La boucle est bouclée.



Les opérateurs se questionnent depuis un certain nombre d’années quant à l’efficacité de l’action culturelle. Dans ce contexte, la répétition publique prend un coup de vieux : elle se répète, et cela ressemble à un bégaiement. À l’image d’une politique culturelle française qui cherche en vain à mettre en place la fameuse "culture élitaire pour tous".

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