Dokumentuaren akzioak
Pavé de bonnes intentions
Kutx ala pil / Cie Maritzuli.
Lorsquil y a un tel écart entre les intentions et le résultat, lenthousiasme seul ne compte plus. Le chorégraphe, M. Iruretagoiena, voulait démontrer que la culture locale basque pouvait renaître de ses supposées cendres, en une sorte de mariage entre tradition et modernité Cest raté. Les danseurs dansent peu, et du reste leur déambulation est maladroite. Létrange gestion de lespace et du temps laisse une impression de vide quaccusent encore les gesticulations censées le combler. En effet, le parti pris syncrétique semble détenir son "liant" dans une formule mêlant mascarade souletine et comedia dell arte. Le comique ne fonctionne pas, à cause dun problème de rythme, mais aussi dargument : on ne fait pas faire rire à coup de symboles. Les tableaux senchaînent. Les références foisonnent sur une histoire de la danse revisitée. Mais pour quoi faire, quand le spectateur sennuie ? Cétait bien tenté, serait-on tenté de dire si, par malheur, léchec nétait pas doublé de complaisance. Un exemple : la pièce est finie, salut interminable, bouquets de fleurs pour les créateurs qui entrent sur scène, remerciements chaleureux Bref, la rage de croire que tout va bien Mais ce nest pas fini : le rideau tombe, les lumières se rallument et, tandis que le public se lève pour sen aller, le rideau se lève lui aussi : la troupe est là, ravie, savourant une standing ovation qui nous est volée !
Est-ce un passage en force calculé ou un enthousiasme inconséquent ? Peut-être est-ce de lintelligence politique Car toute cette histoire naurait jamais vu le jour si la politique culturelle au Pays Basque nétait prise depuis quelques années de schizophrénie. Le volet culturel de la Convention spécifique rassemble tous les bailleurs de fond traditionnels (Etat, Région, Département, Communauté dagglomération), pour appliquer un plan dactions budgétisées, qui résultent de négociations entre les opérateurs du Pays Basque. Comme ceux-ci ne sentendent pas, et quune mode très consensuelle favorise les "semi-professionnels", on se retrouve avec des projets passionnants mais suicidaires.
Cest ainsi que Biarritz Culture a reçu en résidence la compagnie Maritzuli, afin de programmer cette première représentation au Temps daimer. Lopérateur devait-il déprogrammer ce spectacle ? En avait-il les moyens techniques, financiers, politiques, affectifs ? Car tout le monde se connaît ici : cest très difficile de ne froisser personne.
Le plus triste, cest que deux siècles de jacobinisme ont réduit la culture basque à cette extrémité, à ce suicide collectif, le sourire aux lèvres. Si lon était paranoïaque, on pourrait penser que ces messieurs-dames du Ministère ont planifié léchec, pour mieux faire valoir par la suite les limites de la décentralisation. La question devra se poser clairement. Peut-on accepter que la culture basque subisse cette humiliation ? Quun système politique entraîne des créateurs à se planter de cette manière ? Ce nest plus de linconséquence, cest de la cruauté.
Dokumentuaren akzioak