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Pavé de bonnes intentions

Kutx ala pil / Cie Maritzuli.

Egilea
Julien Lacoste
Komunikabidea
Le Journal du Pays Basque
Mota
Kritika
Data
2005/09/22

Lorsqu’il y a un tel écart entre les intentions et le résultat, l’enthousiasme seul ne compte plus. Le chorégraphe, M. Iruretagoiena, voulait démontrer que la culture locale basque pouvait renaître de ses supposées cendres, en une sorte de mariage entre tradition et modernitéŠ C’est raté. Les danseurs dansent peu, et du reste leur déambulation est maladroite. L’étrange gestion de l’espace et du temps laisse une impression de vide qu’accusent encore les gesticulations censées le combler. En effet, le parti pris syncrétique semble détenir son "liant" dans une formule mêlant mascarade souletine et comedia dell arte. Le comique ne fonctionne pas, à cause d’un problème de rythme, mais aussi d’argument : on ne fait pas faire rire à coup de symboles. Les tableaux s’enchaînent. Les références foisonnent sur une histoire de la danse revisitée. Mais pour quoi faire, quand le spectateur s’ennuie ? C’était bien tenté, serait-on tenté de dire si, par malheur, l’échec n’était pas doublé de complaisance. Un exemple : la pièce est finie, salut interminable, bouquets de fleurs pour les créateurs qui entrent sur scène, remerciements chaleureuxŠ Bref, la rage de croire que tout va bienŠ Mais ce n’est pas fini : le rideau tombe, les lumières se rallument et, tandis que le public se lève pour s’en aller, le rideau se lève lui aussi : la troupe est là, ravie, savourant une standing ovation qui nous est volée !



Est-ce un passage en force calculé ou un enthousiasme inconséquent ? Peut-être est-ce de l’intelligence politiqueŠ Car toute cette histoire n’aurait jamais vu le jour si la politique culturelle au Pays Basque n’était prise depuis quelques années de schizophrénie. Le volet culturel de la Convention spécifique rassemble tous les bailleurs de fond traditionnels (Etat, Région, Département, Communauté d’agglomération), pour appliquer un plan d’actions budgétisées, qui résultent de négociations entre les opérateurs du Pays Basque. Comme ceux-ci ne s’entendent pas, et qu’une mode très consensuelle favorise les "semi-professionnels", on se retrouve avec des projets passionnants mais suicidaires.



C’est ainsi que Biarritz Culture a reçu en résidence la compagnie Maritzuli, afin de programmer cette première représentation au Temps d’aimer. L’opérateur devait-il déprogrammer ce spectacle ? En avait-il les moyens techniques, financiers, politiques, affectifs ? Car tout le monde se connaît ici : c’est très difficile de ne froisser personne.



Le plus triste, c’est que deux siècles de jacobinisme ont réduit la culture basque à cette extrémité, à ce suicide collectif, le sourire aux lèvres. Si l’on était paranoïaque, on pourrait penser que ces messieurs-dames du Ministère ont planifié l’échec, pour mieux faire valoir par la suite les limites de la décentralisation. La question devra se poser clairement. Peut-on accepter que la culture basque subisse cette humiliation ? Qu’un système politique entraîne des créateurs à se planter de cette manière ? Ce n’est plus de l’inconséquence, c’est de la cruauté.

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