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Otehitzari Biraka, les enfants d’Oteiza sont à pied d’¦uvre au festival le Temps d’aimer
Les Kukai dantza et Tanttaka teatro présentent une seconde coproduction, hommage du chorégraphe Jon Maya au sculpteur
Aujourd’hui, la danse basque paye un tribut métaphorique à cette poésie qui regorge d’images et de symboles (lire ci dessous).Jon Maya, sa compagnie Kukai Dantza et le teatro Tanttaka avaient déjà démontré dans le spectacle 1937, les sentiers du souvenir, que les pas basques n’étaient pas condamnés à égayer les frontons en été, mais pouvaient raconter des histoires, rappeler l’Histoire, exprimer des sentiments.Un langage moderne servi par l’alphabet de la danse traditionnelle, dont on retient un fandango mémorable, qui a fait des émules jusque sur le continent américain et continue à être programmé, deux ans après sa création.Un renouveau de la tradition qui rejoint ici le sillon tracé par Oteiza.Celui d’une réappropriation de son identité culturelle pour affirmer son universalité.Et surtout, la confiance que cela a rendue au petit peuple basque dans le grand concert du monde.Un dû qu’il convient d’acquitter en rendant à Oteiza ses lauriers.Et surtout, dit Mireia Gabilondo, qui signe ici la mise en scène, "à l’homme", "pour son caractère, pour son ¦uvre, pour ses cheveux blancs, pour la couleur ocre de son musée, pour ses mots, pour son regard, pour ses plaintes, pour sa poésie, pour la lumière, pour l’ombre, pour son occupation dans la "désoccupation", pour sa voix, pour ses mains, pour le sculpteur et pour le philosophe".
Promenade contemporaine
Justice sera rendue dimanche soir, avec cette promenade contemporaine dans l’univers du sculpteur, jalonnée d’objets symboliques et de bons mots, comme ce titre facétieux, Otehitzari Biraka, ("autour d’Oteiza"), qui loue le poète et ses mots (hitza).Sa propre parole sera d’ailleurs entendue sur scène, entre des mélodies connues et de nouvelles chansons composées ou interprétées par Mikel Urdangarin, Bingen Mendizabal et Rafa Rueda.Pour mettre en scène Otehitzari Biraka, Mireia Gabilondo a souhaité coller au plus près à la vie de Jorge Oteiza.Mais il s’agit moins d’illustrer une biographie que de rendre vivant l’esprit d’un sculpteur et son regard vif sur la poésie, la philologie ou l’anthropologie.Mireia Gabilondo a choisi d’inclure dans le scénario la parole d’Oteiza, son enfance, son renoncement à l’art, la nécessité de changer le système éducatif, le silence, sa relation avec le poète Vitoriano Gandiaga, la solitude après la perte de sa femme Itziar et la mort comme acte ultime de cette chronologie.
Pour cette deuxième production commune, entre la troupe de théâtre Tanttaka et la compagnie de danse Kukai, la vidéo est une nouvelle fois utilisée.Mais c’est un mur de craie qui sert d’écran, de même que des tableaux noirs rappellent l’objet central de son "laboratoire", là où Oteiza réalisait ses croquis ou expliquait ses théories.
Des théories qui trouvent un prolongement dans la démarche de Kukai, en marge de tout folklore.Otehitzari Biraka prolonge les recherches entreprises dans 1937, en tirant le pas basque vers une approche contemporaine. Un mouvement qui s’exprime également au travers d’une musique dépouillée, qui suggère plus qu’elle ne berce, et des costumes conçus par Claude Iruretagoyena.Le costumier et directeur de la compagnie Maritzuli, mène également un chantier de rénovation et d’évolution des danses basques vers des scènes actuelles. Les enfants d’Oteiza sont à pied d’oeuvre.
Jorge Oteiza, le poète
Le premier poème publié de Jorge Oteiza s’intitule Androcanto y sigo - ballet por las piedras de los Apostoles en la carretera et date de 1954. Ses influences poétiques sont latino-américaines, car il a côtoyé de nombreux poètes sur le nouveau continent, notamment Vicente Huidobro et Pablo de Rokha, ainsi que le poète péruvien César Vallejo. En 1983, à l’occasion de la publication de son livre Exercices spirituels dans un tunnel, il présente une anthologie sur les poètes basques comme Gabriel Aresti, Joxe Azurmendi, Mikel Lasa et JuanSan Martin. Dans ce texte, il explique sa notion de la poésie : "...ce qui différencie le langage de la poésie vient des phrases qui naissent du coeur de l’homme. [...] Pour moi, la poésie [...] est une façon de récupérer le temps perdu. C’est le moyen de trouver une échappatoire, une fenêtre, un refuge, pour voir avec plus de clarté le destin de l’être dans le langage." D’une écriture automatique, rapide, souvent à la première personne, les poèmes d’Oteiza sont souvent un exutoire dans lequel il dit sa mélancolie, tout en épurant la forme, comme ses sculptures. Son premier biographe, Miguel Pelay Orozco écrit : "la personnalité d’Oteiza [...] apparaît toujours imprégnée de poésie. Son ¦uvre aussi".
Lire aussi Oteiza, de Valérie Vergez (Atlantica).
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