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Maritzuli va de l’avant

Kutx ala Pil | Festival Gauargi

Egilea
Rémi Rivière
Komunikabidea
Le Journal du Pays Basque
Mota
Kritika
Data
2006/07/15

Sauf que Claude Iruretagoyena n’est pas à l’agonie et ce cocktail de danses basques et de danses du monde devient une fresque merveilleuse et onirique, qui finit par mettre au pas les traditions dansées et leur donner le rythme d’une nouvelle mythologie, à grand renfort de costumes, de duos, de solos et de diagonales. Il a raison, le chorégraphe de la Compagnie Maritzuli, de vouloir tirer la danse traditionnelle vers des formes inédites.

Pour l’ouverture du festival Gauargi, à Espelette mercredi soir, la création Kutx ala pil a fait mouche. Ce ŒPile ou Face’ confronte la mascarade à une mise en scène contemporaine et gouleyante qui réhabilite d’abord le pas basque sur une scène de pays et confronte sans complexe une culture traditionnelle au reste du monde. Pour cette cuisine, la compagnie Maritzuli a d’abord recensé des centaines de pas de danses dans la tradition souletine, réécrivant avec cet alphabet une nouvelle histoire où l’on trouve aussi des gestes de classique, des mouvements contemporains, des airs orientaux, des sévillanes, du rock ou du tango. Le tout servi sur fond de mascarade, avec le pataud du burlesque et le pas de la grâce, le bordel du Pitxu et la rigueur du Zamalzain.

 Là encore la tradition est bousculée lorsque cette dualité entre les rouges et les noirs, les bons et les mauvais, est malmenée dans ses retranchements moraux et que la belle cantinière, comme le public, finit par jeter son dévolue sur le satyre, un certain Ludovic Estebeteguy, il est vrai croquant dans son rôle de pitre et idéalement désinvolte dans son déhanché de saltimbanque trébuchant. En contrepoint, six Zamalzain aux couvre-chefs fleuris gardent avec vigueur le temple de la tradition. Parmi une trentaine de danseurs et de danseuses, au sein de ce tumulte coloré et d’une farandole fleurie, ces vieux cuivres du folklore, jetés aux vétustés touristiques sur les places de villages, retrouvent l’éclat du modernisme et les planches, dans un rituel nouveau qui parle à la culture basque avec fraîcheur et légèreté.

Toute la réussite de Maritzuli est là, dans cette recombinaison parlante d’un alphabet connu et la nouvelle orchestration d’une partition archaïque. Aller de l’avant au pied de la lettre. Pas à pas. C’est la marque d’une culture vivante et d’une créativité en marche. Un beau cadeau au festival de danse du monde Gauargi dont la naissance, il y a dix ans, a impulsé celle de Maritzuli. Lors de sa création, en septembre dernier, au festival Le Temps d’aimer la danse de Biarritz, Kutx ala pil avait été décrié dans les colonnes même du JPB. Pour d’autres raisons, qui faisaient fi de ces goûteux lauriers. Il faut parfois savoir rendre à César...



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