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Maritzuli va de l’avant
Kutx ala Pil | Festival Gauargi
Sauf que Claude Iruretagoyena n’est pas à l’agonie et ce cocktail de
danses basques et de danses du monde devient une fresque merveilleuse et
onirique, qui finit par mettre au pas les traditions dansées et leur donner le
rythme d’une nouvelle mythologie, à grand renfort de costumes, de duos, de solos
et de diagonales. Il a raison, le chorégraphe de la Compagnie Maritzuli, de
vouloir tirer la danse traditionnelle vers des formes inédites.
Pour l’ouverture
du festival Gauargi, à Espelette mercredi soir, la création Kutx ala pil a fait
mouche. Ce ŒPile ou Face’ confronte la mascarade à une mise en scène
contemporaine et gouleyante qui réhabilite d’abord le pas basque sur une scène
de pays et confronte sans complexe une culture traditionnelle au reste du monde.
Pour cette cuisine, la compagnie Maritzuli a d’abord recensé des centaines de
pas de danses dans la tradition souletine, réécrivant avec cet alphabet une
nouvelle histoire où l’on trouve aussi des gestes de classique, des mouvements
contemporains, des airs orientaux, des sévillanes, du rock ou du tango. Le tout
servi sur fond de mascarade, avec le pataud du burlesque et le pas de la grâce,
le bordel du Pitxu et la rigueur du Zamalzain.
Là encore la tradition est
bousculée lorsque cette dualité entre les rouges et les noirs, les bons et les
mauvais, est malmenée dans ses retranchements moraux et que la belle cantinière,
comme le public, finit par jeter son dévolue sur le satyre, un certain Ludovic
Estebeteguy, il est vrai croquant dans son rôle de pitre et idéalement
désinvolte dans son déhanché de saltimbanque trébuchant. En contrepoint, six
Zamalzain aux couvre-chefs fleuris gardent avec vigueur le temple de la
tradition. Parmi une trentaine de danseurs et de danseuses, au sein de ce
tumulte coloré et d’une farandole fleurie, ces vieux cuivres du folklore, jetés
aux vétustés touristiques sur les places de villages, retrouvent l’éclat du
modernisme et les planches, dans un rituel nouveau qui parle à la culture basque
avec fraîcheur et légèreté.
Toute la réussite de Maritzuli est là, dans cette recombinaison parlante d’un alphabet connu et la nouvelle orchestration d’une partition archaïque. Aller de l’avant au pied de la lettre. Pas à pas. C’est la marque d’une culture vivante et d’une créativité en marche. Un beau cadeau au festival de danse du monde Gauargi dont la naissance, il y a dix ans, a impulsé celle de Maritzuli. Lors de sa création, en septembre dernier, au festival Le Temps d’aimer la danse de Biarritz, Kutx ala pil avait été décrié dans les colonnes même du JPB. Pour d’autres raisons, qui faisaient fi de ces goûteux lauriers. Il faut parfois savoir rendre à César...
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