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Maritzuli marque le pas de la modernité

Le chorégraphe Claude Iruretagoiena présente demain, pour le Temps d’aimer, sa dernière création intitulée Kutx ala pil

Komunikabidea
Le Journal du Pays Basque
Mota
Albistea
Data
2005/09/17

Surtout si l’on songe que Maritzuli est d’abord une troupe d’amateurs, et qu’elle puise son inspiration dans les danses traditionnelles basques, souvent rangées avec dédain dans le placard du folklore par les danseurs mêmes qui la pratique. Mais plus qu’une provocation, il s’agit d’abord d’une profonde réhabilitation. L’idée n’est pas tant qu’on fait les meilleures soupes dans les vieux pots. Mais plutôt qu’en astiquant les vieilles casseroles de cuivre, on peut leur redonner éclat. Un travail d’orfèvre pour une démonstration qu’a déjà réussie Claude Iruretagoiena dans sa précédente création Côté courŠ côté jardin. Le chorégraphe de Maritzuli n’a pas changé son propos: "depuis quelques années, mon rêve est de tirer la danse traditionnelle vers d’autres formes de danse" résume-t-il. Dans sa précédente création, Claude Iruretagoiena s’efforçait de décomplexer la danse basque en soulignant son apport dans le classique. Là, il s’agit d’en écrire de nouvelles pages avec le même alphabet. Kutx ala pil s’appuie sur la tradition souletine de la mascarade pour prendre son envol vers le classique et le moderne. Ingrédients essentiels de cette nouvelle cuisine, les 450 pas de danse collectés par Bruno Delavigne et Jon Iruretagoiena, le fiston, en épluchant toutes les mascarades. De cette matière brute, Claude Iruretagoiena a souhaité "faire quelque chose qui nous appartient". Un travail difficile pour se détacher de la mascarade, oublier ses images, et bousculer les personnages. Le chorégraphe de Maritzuli a choisi de ne pas se laisser enfermer dans les cercles ou les lignes formées par les danseurs des mascarades en occupant l’espace différemment. "J’ai voulu des diagonales, des duos et des solos" explique Claude Iruretagoiena qui, du même coup, a été pour la première fois contraint à une sélection de danseurs. Côté musique, les ambitions ne sont pas en reste et le compositeur José Antonio San Miguel a choisi un "langage musical aussi fou que l’argument du ballet" en mettant à la porte toute velléité de musique traditionnelle. Reste tout de même dans la mise en scène, un fond de sauce dont n’a pu s’affranchir Claude Iruretagoiena, comme "enfoui au fond de moi-même" explique-t-il. Des danseurs de rouge et de noir, entre rencontre et dualité. Une histoire pleine de morale comme dans les mascarades. Une cantinière qui s’épanouit dans une personnalité plus affirmée que dans la tradition. Un Pitxu dont le rôle de satyre devient celui d’un guide de la pièce "à l’âme très sensible". Un amour rendu impossible par des idéaux, des religions, des clans familiaux, qui questionne: faut-il vivre caché ? Changer de peau? Se réfugier dans la négation de soi? Ou suivre son chemin. A pile ou face, sachant que dans Kutx ala pil les noirs finissent, pour une fois, par l’emporter. L’autre question que pose cette création concerne bien sûr ce grand pas entre tradition et contemporain. Mais là, "c’est au public de juger" estime Claude Iruretagoiena. Lui, voit plutôt une démarche "parallèle" qui nourrit ses créations. Et la légèreté d’un "délire" avec la tradition souletine plutôt qu’une ironie. Une fraîcheur que l’on retrouvera demain dans ce spectacle dramatique en quatre actes. Trente-deux danseurs, qui revendiquent leur amateurisme, proposent une première, entre danse et théâtre, gestes nouveaux et pas anciens.

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