Malandain signe dans Le sang des étoiles son engagement poétique

La dernière création de Ballet Biarritz sera présentée en ouverture du festival Le temps d’aimer

Sur des Lieder de Gustav Mahler, des valses de Johann Strauss et Emile Waldteufel, le ballet Biarritz gravitera autour de l’étoile polaire, en subissant son attraction irrépressible à travers une mythologie gréco-latine de grâce et de poésie.Dans le mouvement incessant de la grande Ourse et de sa divine progéniture, la petite ourse, se niche aussi une idée toute écologique d’une espèce dont "la survie est devenue une parabole de notre avenir". Mais dans le symbole d’un ours "qui absorbe dans son sang les rejets de notre insouciance", Thierry Malandain préfère la dimension musicale et Baudelairienne d’une nature universelle qui "prend souvent comme une mer".Une prière à la mère nature, qui évite soigneusement de "se prendre les pieds dans une carpette Œpeace and love’".D’autant, se détache le chorégraphe, "qu’en associant l’homme et l’ours pour faire de chaque être une étoile, Ovide prêtait un tapis volant".La Grande Ourse est désignée dans Les Métamorphoses d’Ovide comme étant la demeure de la nymphe Callisto transformée en ourse.



A l’origine du mythe, il y a cette pauvre Callisto, qui fut un jour contrainte de se plier aux assauts passionnés de Zeus. Durant neuf lunes, elle en garda le secret, jusqu’au moment où on découvrit son état. La déesse Artémis, qui vivait auprès d’elle, en informa alors Héra, la jalouse épouse du maître de l’Olympe. Peu après, Callisto mettait au monde un fils. De colère, Héra métamorphosa la nymphe en ourse et la condamna à errer dans la forêt. Quelques années plus tard, Callisto se trouva face à un jeune homme qui chassait. Au moment où il s’apprêtait à tirer, Callisto reconnut son fils. Zeus, assistant à la scène, dévia la flèche et décida de les unir dans le ciel. Héra, offensée de cet honneur, persuada l’Océan de refuser d’admettre la Grande et la Petite Ourse dans son flux. Depuis, ces constellations n’ont aucun repos et tournent autour de l’étoile Polaire, sans jamais s’arrêter.



Au manifeste en faveur de l’écologie, Thierry Malandain préfère l’engagement poétique.Musique insouciante, plaisir, inconscience, ivresse, animeront les 16 danseurs dans une dimension tout de même tragique.



La conclusion viendra avec une page de Ludwig Minkus extraite de La Bayadère de Marius Petipa, La scène des Ombres avec son extraordinaire introduction où les danseuses entrant une à une finissent par former des lignes parallèles, rappelant l’hexagramme du ciel contenu dans le Yi King. Un livre aussi nommé le livre des transformations.



Pour cette création, le Centre Chorégraphique National de Biarritz a travaillé avec le Grand Théâtre de Reims, le Théâtre Arriaga de Bilbao, l’Esplanade Opéra de Saint-Etienne et l’Association Les Amis de Ballet Biarritz.Deux représentations seront données, samedi (21h) et dimanche (20h).Il y a une vingtaine de jours, les deux représentations de Casse noisette, une autre création de Thierry Malandain, ont rempli la Gare du Midi.







Tout près du sol pour Le temps d’aimer

Avant-goût du festival de danse Le temps d’aimer, le cinéma Le Royal présentera vendredi soir, à 20h30, en avant-première le film de Carole Laure Tout près du sol. L’occasion de présenter le programme du festival et de profiter d’un film, présenté au Festival de Toronto et dont la sortie est prévue sur les écrans français le 29 septembre. Les places sont en vente à partir d’aujourd’hui. En cours de Festival, entre deux spectacles de danse deux autres projections sont prévues les lundis 6 (17h50) et 13 (18h10). Carole Laure met en scène pour sa deuxième réalisation de long-métrage, du mouvement et de la musique. L’histoire de Rachel, une adolescente, qui attend sur un banc public face à la prison des femmes. Elle souffre d’une trop forte lucidité sur l’état des êtres et des choses. Blessée, elle hurle sa rage de vivre. A l’intérieur de la prison, Jeanne, danseuse contemporaine, purge une courte peine avec un moral d’acier. Elle sympathise avec Odile, une mère au foyer incarcérée pour voies de faits mineurs. Le jour où Jeanne sort de prison, Rachel, par instinct, la suit et parvient à s’incruster dans sa vie. Jeanne repère les fêlures de la jeune fille et lui apprend la danse. Jeanne et Odile témoignent du talent de Rachel qui parvient à transcender son mal-être dans l’expression artistique de son corps. C’est au moment où Rachel accepte d’entrer dans la vie adulte que le destin frappera là où on ne l’attendait pas.