Le hip-hop sur un chemin neuf

« La géographie du danger » relate le quotidien étouffant d'un sans-papiers confronté à l'angoisse de la clandestinité.

« La Géographie du danger » raconte le destin d'un harraga (harrag signifie « qui brûle » en arabe) le brûleur de frontières qui, après une traversée périlleuse, se retrouve dans une impasse. Venu chercher une vie meilleure, il se retrouve immigré et sans papiers dans un pays qu'il ne connaît pas, confronté aux préjugés et à une langue étrangère.

Autour de lui se dessine une « géographie du danger » : le monde extérieur bien sûr, où il peut se faire arrêter à chaque instant. Mais aussi cette chambre de bonne, prêtée par Michel, l'étudiant qui l'héberge et le ravitaille en secret, et dans laquelle il est enfermé, sans nourriture, sans oser sortir avec comme seul échappatoire la vie des gens qu'il scrute par la fenêtre. Jour après jour, l'isolement physique mais aussi mental deviennent plus angoissants.

Formé au Conservatoire de Bordeaux puis à New York au sein de l'école d'Alvin Ailey, le chorégraphe et danseur Hamid Ben Mahi a travaillé, notamment, avec Philippe Découflé, Michel Schweizer, Jean-François Duroure ou Kader Attou.

Dès la création de la compagnie Hors Série, en 2000, il s'est employé à conduire la danse hip-hop sur des chemins nouveaux, en questionnant l'identité du danseur hip-hop, son histoire, son vécu, sa volonté à être sur une scène. Nombre de ses pièces sont construites comme un cri, comme une urgence de dire, une revendication sur son histoire et ses origines. On pense, notamment au solo « Chronic(s) », en 2002, où déjà les mots se mêlaient à la danse.

Suivront « Sekel », spectacle dans lequel il invite cinq artistes, figures de la danse hip-hop, à l'accompagner et à prendre la parole, puis « Existe, Existe », pièce pour dix danseurs. Après « Faut qu'on parle ! », « On n'oublie pas », ce danseur engagé poursuit ici son processus de recherche, à la charnière d'un hip-hop nouveau où les danses classiques et contemporaines se mêlent pour soutenir un propos et une esthétique jusque-là inexplorés.

Un huis-clos angoissant. PHOTO DR