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La tradition carnavalesque bientôt estampillée patrimoine mondial de l’Unesco

Egilea
Carole Suhas
Komunikabidea
Le Journal du Pays Basque
Mota
Albistea
Data
2011/06/23
Lotura
Le Journal du Pays Basque

Concrètement, que signifie pour la tradition carnavalesque d’être répertoriée par l’Unesco ? Pierre Haira, de l’association Herri Soinu à l’origine (entre autres) de cette demande, explique qu’avant tout “lorsque l’on est inscrit au PCI, on doit assurer la sauvegarde d’une tradition. L’objectif premier est en fait de perpétrer une tradition, de s’assurer qu’elle ne disparaisse pas. Le deuxième aspect de cette inscription au PCI, c’est la reconnaissance des traditions carnavalesques en Pays Basque Nord. Les gens n’y font pas forcément très attention, mais s’il est inscrit au PCI, le carnaval est alors revalorisé. Finalement, autre point important qui touche à la sauvegarde d’une tradition, c’est qu’ainsi on fixe une tradition et les générations suivantes auront des ressources à leur disposition”.

Et pour assurer cette sauvegarde, le travail de collecte des documents sera long et fastueux. Un comité scientifique chargé de cette récolte devrait d’ailleurs être mis en place. Car pour fixer une tradition de façon pérenne, il faut des photographies, des écrits et des vidéos et cette mémoire est longue à reconstituer.

Travail historique

Travail de sauvegarde donc, mais aussi de recréation puisque toutes ces “fouilles” apporteront des connaissances historiques sur cette tradition. “Certains rites ont disparu, ce qui a considérablement transformé le carnaval. Avec des connaissances historiques précises, on peut formaliser la tradition. Ce n’est pas véritablement une création qui en découlera, nous allons plutôt nous appuyer sur les rites originaux”, poursuit Pierre Haira. Avec les 3 000 pages collectées sur le carnaval jusqu’ici, apparaît un autre aspect très important : la pratique de l’euskara. Ainsi ces morceaux d’histoire permettent de (re)découvrir des mots, expressions, typiques de certains lieux, tombés en désuétude ou dans l’oubli.

La sauvegarde du carnaval va plus loin que la seule transmission d’une tradition, il est un pan de l’histoire du Pays Basque Nord, et plus particulièrement du Labourd.

Appui politique

Pour soutenir cette démarche culturelle, les associations à l’origine de la demande d’inscription au patrimoine de l’Unesco se sont tournées vers une autre association de taille, le Biltzar des communes du Pays Basque Nord. Cette assemblée, qui réunit les élus de toutes les communes a été choisie car “elle n’a pas trop d’étiquette politique” et parce qu’un appui politique pour un tel projet est presque indispensable. Samedi, les Corses Monique Alfonsi et Alain Bitton Andreotti de l’association Tutti in Piazza étaient eux aussi de la partie pour partager leur expérience sur le classement des chants polyphoniques corses au patrimoine de l’Unesco en 2009. “Comme eux, nous avons une identité très forte, et donc nous voulions nous appuyer sur ce qu’ils avaient vécu afin d’éviter les écueils auxquels ils ont dû faire face”, estime Pierre Haira.

Financements

Autre aspect important d’un tel classement, l’élargissement des horizons du carnaval, qui, avec ce statut, peut espérer recevoir des subventions où s’intégrer dans des programmes de promotion. Pierre Haira pense “qu’il peut y avoir des subventions pour aider à la revitalisation de cette tradition, ou à la recherche”. Avec le PCI, l’Unesco entend “ériger la diversité culturelle au rang de patrimoine commun de l’humanité”. Le carnaval, au même titre que la corrida, participe donc de la diversité culturelle mondiale.

 

Evolution de la tradition carnavalesque

Selon Thierry Truffaut, anthropologue qui s’est tout particulièrement penché sur la tradition carnavalesque, dont l’une des figures emblématique est le kaskarot, on peut distinguer quatre périodes de ce rituel.

Si l’on se base sur le carnaval à Ustaritz, avant 1914, “la tradition est très vivante sur l’ensemble de la commune et fonctionne même par quartiers”. Elle comprend de jeunes maska qui récoltent des œufs et de la cochonnaille, l’ours et son montreur et les remarquables kaskarot (jeunes hommes célibataires).

Puis de 1918 à 1967, “les deux guerres firent beaucoup de mal à la tradition. Elle continua avec les kaskarot, mais sans le grand cortège carnavalesque dansé et masqué, qui disparaît progressivement. Les groupes par quartier disparurent progressivement pour ne former qu’un seul groupe de kaskarot pour toute la commune”. Dans un sursaut d’orgueil, dans les années 1970, “les derniers détenteurs de la tradition des kaskarot proposèrent de reprendre le flambeau et fondèrent l’association Errobiko Kaskarotak (seulement des hommes, seul cas en Labourd où tous les autres groupes sont mixtes). Par contre les maska, l’ours et le San Pantzar disparurent. Durant cette période, les travaux de Jean-Michel Guilcher permettent au groupe de relancer certains des personnages masqués et de se réapproprier une partie du répertoire dansé”.

Finalement, cette dynamique semble se poursuivre sur la commune qui a d’ailleurs créé le festival Hartzaro, pendant lequel on assiste à un renouveau du carnaval. “Cette fête associe, autour de l’ours, des maska, des personnages et danses inspirés de la mythologie basque, sans oublier la relance du jugement de San Pantzar”.

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