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La mascarade de l’ours

Komunikabidea
Le Journal du Pays Basque
Mota
Erreportajea
Data
2006/01/07

Pour faire une mascarade, il faut surtout une bonne équipe de danseurs. La jeunesse d’un village se rassemble ensuite, et décide de monter une mascarade, sous les conseils éclairés des anciens. Les rôles sont distribués entre tous. Les plus lestes seront danseurs, ceux qui apprennent à danser maréchaux-ferrants ou Küküllero, les plus comiques bohémiens ou chaudronniers, et le plus habile sera Pitxu, le pitre.



Ceci était vrai jusqu’à il y a peu. Aujourd’hui, un ingrédient essentiel du menu commence à manquer : des jeunes qui parlent le basque. Aussi bien Jean-Pierre Bordagay, Dominique Aguergaray que Jean-Jacques Etcheverry "Llargo" soulignent la difficulté de trouver des jeunes Souletins parlant la langue du pays. Non qu’ils se cachent, juste qu’il y en a de moins en moins. "Et encore, Urdiñarbe n’est pas des plus petits villages souletins" commente Jean-Pierre Bordagaray.



Et, qui dit moins de jeunes qui parlent le souletin, dit moins de personnes qui le parleront dans l’avenir. Mais cela n’est pas assez pour décourager les Urdiñarbetar, puisque près d’une quarantaine de jeunes, de 12 à 30 ans joueront des mascarades à partir de ce dimanche. À commencer dans leur village, pour donner la dernière également sur place, pour mardi gras.



L’Ours



Si certains ont cru que l’ours faisait partie des personnages obligés de la Mascarade souletine, il n’est que sporadique. Cette année, en revanche c’est l’actualité qui marquera le retour de l’ours à la mascarade souletine, la réintroduction de l’ours dans les Pyrénées ayant marqué les esprits souletins et alimenté les conversations ces derniers temps.



"Dévot du culte de l'ours, la présence de Hartza (nom basque du plantigrade) signalée dans quelques mascarades m'a semblé longtemps être la manifestation la plus directement liée à la tradition, celle où pouvaient se cacher ses motivations profondes. Pourtant il faut se rendre à l'évidence, malgré mon grand espoir de voir évoluer Hartza dans une mascarade, le personnage est resté désespérément discret depuis 1968 et si l'on se réfère au texte de Sallaberrry (1899), citant la description d'Augustin Chaho de 1836, on ne voyait plus depuis longtemps ni ours ni agneau ni berger dans les groupes masqués de la Soule. Un, peut-être deux cortèges, ont essayé de le faire revivre depuis 1968. C'est peu, trop peu et ce n'est donc pas la bonne piste car si les traditions changent sans bouger de manière apparente, à l'image des aiguilles de la pendule qui tournent mais pourtant ne bougent pas lorsqu'on les observe, l'absence d'un personnage important ne peut être que temporaire, provoquée par une circonstance imprévue. Tout rentre dans l'ordre l'année suivante..." constate Jean-Dominique Lajoux, ethnologue au CNRS dans sa contribution sur la mascarade souletine dans le cahier de Sü Azia édité en 2003 "Maskaradak".



Si dans le carnaval labourdin l’ours est omniprésent, en Soule la situation est inverse, l'absence d'ours est traditionnelle, sa présence une exception. "C'est donc soit la survivance d'une coutume depuis longtemps oubliée, qui ressurgit parfois en période de mascarades, soit une fioriture empruntée à des voisins plus ou moins proches, soit les deux raisons conjuguées" estime J.-D. Lajoux. Cette fois-ci, en revanche, c’est bien l’actualité qui marque son retour.



Mais l’ours ne sera qu’un sujet parmi beaucoup d’autres, d’actualité ou pas, discours égratignant les personnalités, se moquant de l'actualité... Trois membres de la Mascarade ont fait le tour des villages souletins, afin de connaître les derniers ragots à la mode, les derniers événements locaux qui ont marqué l’activité paroissiale. Des parties entières de mascarade changent donc chaque dimanche. Souvent le manex restera bouche bée, ne comprenant rien au sujet abordé, alors que le Souletin du coin éclatera de rire.



La mascarade se déplace dès le matin pour arriver au village qui l’invite. Elle doit franchir les barricades, symbolisées actuellement par une bouteille de vin et quelques verres posés sur la route. Autrefois, il fallait gagner l’honneur d’entrer dans le village en sautant au-dessus d’un obstacle posé en travers, ou en faisant une détonation de plus que le village qui reçoit. Après ces barricades, les sauts basques sont donnés sur la place du village, puis les acteurs sont invités à déjeuner. Maintenant les jeux et danses se font l’après-midi.







Les rouges et les noirs

Les rouges : beaux costumes, jolis danseurs, toujours "comme il faut". Ce sont les locaux, Les noirs : Sales, grossiers, semant le désordre. Ce sont les "étrangers".



Les rouges



Txerreroa : serait le gardien du troupeau de porcs. À l’aide de son balai à queue-de-cheval, il ouvre la route aux mascarades. Il porte des clochettes de vache à la ceinture.



Gatüzaina : le chat : il manipule une sorte de ciseau. Mais ce personnage a beaucoup évolué au cours du siècle dernier. Selon Thierry Truffaut, ce serait un arlequin



Kantiniersa : la cantinière : autrefois, une "bohémienne" tenait ce rôle. Mais lors d'une visite du Prince Louis Lucien Bonaparte, on aurait jugé ce costume plus présentable.



Zamalzaina : l'homme-cheval le centaure ?



Ensenaria : le porte-enseigne qui manipule le drapeau souletin ou basque.



Ces cinq personnages exécutent les danses les plus spectaculaires : pour arriver à ce niveau ils ont suivi un long apprentissage. En principe le Txerrero est un homme fort et



vigoureux. La Cantinière doit être agile et "beau gosse", pas trop grand.



Le Zamalzain très leste et puissant (le meilleur danseur) . L'Enseinari assez grand et fin danseur. Le moins bon est placé Gatüzain.



Jauna eta anderea : ( le monsieur et sa dame). Jauna commande la mascarade. Il est responsable de son bon déroulement (autrefois il restait chef de la jeunesse jusqu'aux prochaines mascarades dans le village). Anderea est habillée de blanc, comme une mariée ce qui, d'après Jean-Dominique Lajoux, n'est pas un hasard.



Laborari eta laborarisa, vêtus de noir. Ils n'ont pas de rôle précis, si ce n'est lors du branle.



Marexalak : les maréchaux-ferrants. Trois ou quatre en général. Ils ferrent le cheval.



Kükülleroak : pas de rôle précis. Ces personnages permettent la participation des plus jeunes et des futurs danseurs.



Kerestuak : les hongreurs, difficiles à classer. Apparaissent parfois chez les rouges, parfois chez les noirs dans d'autres mascarades. Souvent on prenait d'anciens danseurs pour jouer le rôle. Ils sont Béarnais et parlent cette langue. Ils doivent castrer le cheval.



Les noirs



Xorrotxak les rémouleurs évoquent une tradition originaire d'Auvergne. Se déplacent en chantant toujours un couplet, souvent sur le même air pour critiquer les acteurs qui les précèdent ou les suivent. Leur rôle est d'affûter l'épée de Jauna.



Buhameak : les bohémiens.



Leur chef, Basagaitz, et ses sujets. Sauvages, grossiers, fuyant le travail, vivant des rapines car c'est la loi qu'ils promulguent dans leur prêche.



Kauterak : les plus vilains, souvent masqués. Kabana est leur chef. Ils "réparent" spectaculairement le chaudron de Jauna pendant que Kabana récite son prêche tournant à la dérision tel ou tel événement du village qui reçoit la mascarade.



Pitxu est le kauter le plus petit mais le plus habile et comique, trés farceur surtout quand les chefs hongreurs ou rémouleurs l'appellent à l'aide après avoir mis leurs collaborateurs à la porte. Pitxu meurt à la fin des mascarades, écrasé par ces "buhame" et "kauter". Heureusement, le médecin est là pour l'opérer et le ressusciter.



Lorsqu'il y avait assez de monde, il y avait de nombreux autres rôles. Les sapeurs (Chéraute), le barbier, l'ours et les agneaux. Ainsi que les Aintzindari noirs, doublés des rouges (un groupe entier à Ordiarp en 1993).



Un "txülülari" et un tambour assurent toute la musique des mascarades. Parfois, le txülülari s'aide aussi d'un tambourin à corde (Ttunttun).

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