L’univers des Pink Floyd rencontre la danse

Pink Floyd Ballet / Asami maki ballet Tokyo.Roland Petit

Le c¦ur du public s’est soulevé face au spectacle d’exception Pink floyd, révélant le haut niveau technique et artistique de ses interprètes. Chorégraphié par Roland Petit en 1972, ce ballet qui avait déjà bouleversé la France en pleine beatnik mania est de retour avec l’Asami Maki Ballet Tokyo, première compagnie japonaise en son genre, qui ne cesse d’appuyer son empreinte dans l’impulsion artistique du domaine scénique au Japon. Isabelle Ciaravola et benjamin Pech, les deux premiers danseurs de l’opéra de Paris, étaient également invités pour quelques pas de deux, exacerbant la force du couple dans une élégance émouvante, ainsi que quelques autres danseurs au style plus influencé hip hop. Sur quelques chefs-d'¦uvre indémodables du groupe Pink Floyd, entre autres Run like hell, Money, The great gig in the sky et beaucoup de morceaux extraits du puissant album The Wall, le ballet ne cesse de surprendre entre chorégraphies individuelles, torturées ou limpides, et mouvements de foule, parfaitement orchestrés ou gracieusement rebelles. On ressent profondément l’univers utopique des années soixante-dix dans ce ballet revisité pour nos jours, son esprit de communauté. Devant un décor noir, dénudé, les corps vêtus de simples collants académiques blancs font masse, se soutiennent, subissent, s’exaltent. Les danseurs allient comme une évidence une maîtrise profonde du corps et une conscience totale de sa liberté. Une liberté qui a décidé Roland Petit à choisir la musique des Pink Floyd, puisque "C’est une musique qui n’appelle aucune danse". Elle a donc permis à ce grand chorégraphe de s’affranchir de tous codes, alternant classique et ultramoderne, et de donner à son spectacle une dimension unique. Il y glisse quelque petit clin d’¦il sur l’émancipation de la femme, le débat dominants /assujettis, la transition entre le chaos et le rêve de sérénité, nourrissant ainsi sa conception théâtrale du ballet. À la fin du spectacle, les spectateurs ne cessent d’applaudir jusqu’à ce que les mains leur brûlent trop. En échos à cette ovation, les danseurs se remettent à danser une des chorégraphies d’ensemble, prolongeant un peu l’ivresse de ce moment de pure beauté.