L’avenir de la culture en question

La Fédération Taula rassemble 20 compagnies du spectacle vivant du Pays Basque Nord qui se sont unies pour mutualiser idées et projets, échanger expériences et pratiques mais aussi prendre part aux réflexions politiques et culturelles de leur territoire. Certaines compagnies rayonnent sur tout le territoire national mais nous sommes tous attachés à ce que nos spectacles rencontrent les habitants du Pays Basque.

Artistes, administrateurs, techniciens, tous et toutes, nous nous mobilisons quotidiennement au Pays Basque Nord pour impulser une dynamique de création et de rencontre avec des personnes de tous horizons, dans plusieurs langues (en français, en basque, en gascon) et avec différents langages artistiques (théâtre, art en espace public, danse, marionnette, théâtre d’objets, conte, cirque...). En s’adressant à tous les publics, nous assurons un maillage territorial, qui génère une économie à travers nos projets et accompagne le vivre ensemble.

La Communauté d’agglomération Pays Basque (CAPB) s’apprête à voter son nouveau projet de politique culturelle. Elle a soutenu depuis plusieurs années et continue de soutenir de nombreuses compagnies en 2023, à travers différents dispositifs (Berpiztu) mais c’est sur l’avenir que nous craignons un désengagement.

Malgré les rencontres de la culture, où ont été conviés tous les acteurs culturels de l’agglomération dont Taula, il apparaît que les inquiétudes des compagnies professionnelles du spectacle vivant n’ont pas été réellement prises en considération. Le projet, tel qu’il se dessine, impactera très fortement le paysage culturel du Pays Basque Nord. En remettant en cause le soutien aux compagnies, en limitant strictement son rôle au spectacle jeune public et scolaire (ce qui est très important mais on ne peut pas oublier tout le public adulte, familial, etc.), en supprimant des temps forts de diffusion (Abian!, Ttutt), en mettant fin au projet Hameka, ce nouveau projet de la CAPB réduit drastiquement les propositions artistiques faites au public, mettant par là-même en péril la survie des compagnies locales, déjà fortement éprouvées par des mois de restrictions dues à la pandémie.

Si le soutien à la création et à la diffusion des spectacles tout public et en espace public cessent d’être une priorité pour la CAPB, de nombreuses compagnies de notre territoire seront fragilisées.

C’est également la formation des publics qui sera fortement impactée, celle-ci devant absolument se poursuivre au-delà de l’école primaire, en collège, au lycée et à l’université pour former des citoyens sensibilisés à l’art et à la culture.

Les trois piliers fondamentaux de nos métiers sont : la création, la médiation, qui naît des projets artistiques portés par les compagnies, et la diffusion. Ces trois axes sont intimement liés. Si un des piliers s’écroule, c’est toute la survie d’une compagnie qui est en jeu.

La CAPB est un des maillons de la filière professionnelle, et un des premiers partenaires des compagnies locales. C’est un appui qui permet aux compagnies d’en trouver d’autres. Tout commence par le local.

Ce nouveau projet actuellement en cours de validation laisse présager un désastre culturel que nous ne pouvons accepter sans réagir. De son coté, Taula ne baisse pas les bras et continuera en 2023 de créer des espaces de commun, d’échanges et de réflexion entre compagnies professionnelles, de rester soudés et d’avancer ensemble.

* Signataires : Bi’arte, Cie Branca, Batcharte dantza, Cie Hecho en casa, Cie des Syrtes, Cie Elirale, Cie Entre les gouttes, Cie Itzuli, Jour de fête compagnie, Cie Kiribil, Cie Kilika, La Fabrique affamée, Les Petits Plaisirs, Le Petit Théâtre de pain, Les Petits Papiers, Mecanica théatre, La Méchante Compagnie, Cie Nanoua, Rouge Elea, Une Hirondelle cie.