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Juan Antonio Urbeltz et les origines d'Axuri beltza, quarante ans après

Entretien avec Juan Antonio URBELTZ / Chorégraphe et anthropologue

Egilea
Carole Suhas
Komunikabidea
Le journal du Pays Basque
Mota
Elkarrizketa
Data
2011/03/19
Lotura
Le journal du Pays Basque

Pour commencer, quelle est l'histoire de la naissance d'Axuri beltza ?

Axuri beltza vient d'une découverte que nous avons faite ma femme et moi alors que nous étions partis dans la vallée de Zaraitzu en Navarre pour voir des danseuses de bâtons. A l'hôtel, nous avons fait la rencontre d'un homme qui nous a parlé de culture traditionnelle et nous a montré la photo de trois filles de Jaurrieta en robes noires.

Nous sommes ensuite allés au village en question, où nous avons rencontré les anciens et notamment une vieille femme qui nous a parlé d'une danse pratiquée dans sa jeunesse, mais ses souvenirs étaient très flous. Avec ma femme, nous avons alors entamé un travail de reconstitution. Axuri beltza est en fait la résurrection de cette danse oubliée de Jaurrieta.

Quelle est la place d'Axuri beltza dans les danses traditionnelles basques ?

Axuri beltza représentait la nouveauté. C'est une danse de femmes, et rien que de femmes, ce qui, cinquante ans avant, n'existait pas. Leurs costumes différent également beaucoup de ce qu'on pouvait observer jusque-là, les robes, typiques de la vallée de Zaraitzu, étant noires.

C'est également la première danse chantée sur scène par les danseuses, aux paroles exclusivement en euskara. D'un point de vue musical, c'est également la première fois que la xirula et l'accordéon sont associés. Finalement, Axuri beltza amène beaucoup d'expressions nouvelles.

Quarante ans après, vous revenez sur votre «création». Comment en faire quelque chose de nouveau ?

Il y a un esprit dans la danse traditionnelle qui peut être réinterprété éternellement. Il faut savoir travailler à l'intérieur même de sa propre culture. Il n'est pas possible d'y amener des éléments extérieurs, seul l'esprit peut être renouvelé. Un tel travail sur soi a quelque chose de merveilleux.

Il y a des milliards de danses traditionnelles dans le monde et chaque peuple fait sa propre importation. Je pense qu'il y a trois peuples qui se sont élevés au rang de modèles universels de danse : les Hongrois, les Irlandais et les Andalous avec le flamenco. Ces danses sont dansées partout à travers la planète, et selon moi, nous, les Basques, pouvons aussi faire de la danse basque un modèle. Je me demande d'ailleurs d'où vient cette force intérieure que nous avons.

On peut estimer que plusieurs parties se dessinent dans la chorégraphie. Etait-ce volontaire ou juste fortuit ?

Le spectacle est initialement conçu comme une unité, mais il est vrai qu'on peut y voir un découpage, en trois parties plus ou moins. En fait, les jeunes filles ouvrent et ferment la chorégraphie selon les codes d'Axuri beltza.

Cette espèce de boucle chorégraphique donne l'unité à la pièce. Néanmoins, entre les deux, se glissent des danses de carnavals bas-navarrais et labourdins, mais aussi la danse des apôtres d'Oteiza ou encore des pas de créations précédentes telles que Zalduniote, Iñauteria, Irradaka ou encore Pas de Basque. L'idée est de faire différentes unités créatives, elles-mêmes unifiées par la musique. C'est la musique qui donne la couleur à la séquence chorégraphique et qui assure le lien.

Nous essayons aussi de renouveler la situation de notre culture, et par exemple, toujours en ce qui concerne la musique, nous reprenons la Habanera de Carmen, qui se chante aussi en basque et en espagnol. De la même façon nous allions danse argentine et fandango.

Malheureusement, certaines danses traditionnelles ont disparu, c'est pourquoi nous essayons de les faire revivre par la scène. Faire la reconstruction d'une danse est une chose incroyable.

Vous parliez de carnaval, comment exprimer cette fête populaire par la danse ?

Nous le travaillons sur scène par le rythme. Par exemple, le rythme Iru xito donne la possibilité de danser par couple, avec des bâtons ou Arin arin. L'esprit du carnaval est donc distillé par un temps rapide, la diversité des mouvements qui en découle ainsi que les couleurs vives des costumes.

Finalement, peut-on véritablement définir Axuri beltza ?

Vous savez, la création est pour moi une peinture qui n'est jamais terminée. La danse est éternellement ouverte, et la tête travaille à tout moment. En tant que danseurs, nous dansons toujours d'une manière différente, ce qui peu à peu donne un processus créatif incroyable. A partir d'une même idée, tout peut être chamboulé, et nous pouvons créer une quantité illimitée de choses. Finalement, je dirais que c'est comme le rock : si vous avez un rythme, vous pouvez faire une danse. C'est aussi simple que ça.

 

Axuri beltza au Théâtre de Bayonne ce soir à 20h30.

Entre 10 et 18 euros.


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