Jérémie Nassif rhabille les façades des halles

Le quartier des halles sera métamorphosé en juin 2013 avec la réhabilitation des bâtiments qui doivent être remis aux normes et rénovés à cette date, la réorganisation de la circulation, la création de 200 places de stationnement sous terre. En attendant, ce cœur de ville très en vogue n'arrête pas de bouger avec les marchés de nuit, les soirées sans voiture, l'ouverture récente d'un nouvel hôtel de charme, le renouvellement régulier des commerces.

La dernière bonne surprise est une exposition à ciel ouvert inaugurée cette semaine. Elle est signée du photographe parisien Jérémie Nassif, parrainé par la romancière et journaliste Laure Adler et le célèbre écrivain et photographe François-Marie Banier.

« L'aventure de cette expo débute il y a plus d'un an à Paris », raconte l'artiste. « Depuis plusieurs années, j'aime photographier des danseurs. C'est dans ce cadre que j'ai rencontré Arnaud Mahouy qui fait partie du Malandain Ballet Biarritz. »

De retour au Pays basque, Arnaud Mahouy montre les images signées Jérémie Nassif au chorégraphe. « Thierry Malandain a aimé mon travail et l'hiver dernier, il m'a invité à Biarritz afin de photographier ses danseurs. Nous avions un projet d'expo qui n'était pas encore totalement défini. J'ai installé mon matériel et mes objectifs dans une salle près du grand studio de répétition. Et j'ai pris des photos des danseurs. »

À ce stade de l'histoire, il faut préciser que Jérémie Nassif a mis au point un protocole personnel de prise de vue, au service d'une technique elle-même assez singulière.

« Je travaille sur fond blanc. Mes images sont prises en numérique en open flash. Je mélange une image nette et une image floue à la prise de vue. Il n'y a pas de bidouillage après coup, excepté le fait de passer la photo en noir et blanc. Les danseurs sont venus poser chacun leur tour. Certains seuls, d'autres accompagnés. Ils apportaient leurs musiques, leurs costumes, d'autres rien du tout. On a beaucoup improvisé ce qui ne signifie pas pour moi faire n'importe quoi. »

Le lieu d'exposition, les halles, n'a pas été choisi par hasard. « C'est une vraie idée de touriste qui débarque à Biarritz », s'amuse Jérémie Nassif. « En me promenant en ville, mes pas m'ont mené à cet endroit qui m'a tapé dans l'œil par son ambiance. En dégustant un verre de blanc et une douzaine d'huîtres, j'ai remarqué qu'il y avait de grands rectangles blancs au-dessus des bouches d'aération. Je me suis dit que c'était l'endroit idéal pour exposer. La mairie a dit ok au projet. Une centaine de photos ont été retenues. Je ne cherche pas à y raconter une histoire mais à toucher cette partie du regard qui est relié au centre de nos émotions, avec des formes habitées, en mouvement. On dit que ça ressemble à un travail au fusain, un dessin. En tout cas les peintres sont ma principale source d'inspiration. »

L'exposition est prévue jusqu'en octobre. Mais elle pourrait rester sur les murs au-delà, s'est laissé dire Jérémy Nassif. En attendant, les commerçants des halles sont ravis. Déjà très branché, le quartier peaufine son côté « arty ». Les photos géantes devraient également voyager jusqu'à Bilbao, Saint-Sébastien et peut-être d'autres villes où se produira Ballet Biarritz.

Les murs des halles sont recouverts d'une trentaine de photos géantes. Photo O. B.