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Fureur larvée dans la danse de l’Explose

Installé à Bogota, le chorégraphe Tino Fernandez met en scène la violence des Colombiens

Komunikabidea
Le Journal du Pays Basque
Mota
Albistea
Data
2006/09/15
Pas une frappe chirurgicale. Mais un bombardement massif, "un sujet qui est malheureusement là", dit Tino Fernandez, témoin de la violence quotidienne de Bogota depuis une douzaine d’années, depuis qu’il s’est installé dans la capitale colombienne pour, paradoxalement, y vivre une histoire d’amour.

Dramaturge avant d’être chorégraphe, acteur avant d’être danseur, cet Asturien qui a bourlingué dans les capitales européennes, utilise aujourd’hui les ficelles du théâtre pour mettre en scène la colère larvée de Colombie, sa brutalité à fragmentation qui lamine les corps en profondeur, bien au-delà de l’impact visible. Pas pour rien que cette oeuvre, créée il y a quatre ans, s’intitule Le regard de l’autruche ("La mirada del avestruz"). Ici, pas d’analyse sur une violence politique ou idéologique. Tino Fernandez évoque une guerre, bien sûr, mais qui n’est "pas de face à face". Une guerre de guérilla dont le chorégraphe veut mettre en scène "la réalité dans les personnages". Peu de recours à une scénographie explicite, si ce n’est des chaussures usées, un rideau et de la terre, symboles d’une lutte à la mort pour la terre mère. Et des paroles que personne ne recevra.

Danse de l’Explose

Car la danse de l’Explose est bavarde, conçue d’abord comme une pièce de théâtre ou chaque personnage apporte sa contribution, avant que l’ensemble ne soit chorégraphié. Bavarde mais inaudible. "Les textes sont faits pour ne pas comprendre", explique Tino Fernandez. Un brouhaha, une cacophonie qui ramène le chorégraphe espagnol à une scène qu’il a vécue à Bogota, au cours d’une manifestation où, dit-il, "tout le monde parlait en même temps de ces problèmes". Au final, personne ne s’est fait entendre. "La chorégraphie a poussé cette violence entre les gens", indique Tino Fernandez, en estimant que la dénonciation a été ce jour-là aussi sûrement empêchée qu’avec un bâillon.

Violence des mots qui ne peuvent jaillir et augmentent la pression du volcan, fureur larvée qui, pour Tino Fernandez, "vient aussi de l’information", d’une presse aux ordres d’où ne jaillit que le bouillonnement peu ragoûtant d’une "vérité d’Etat". Une expression en faillite qui isole les individus, et rend les Colombiens étrangers à eux-mêmes et à leur propre terre. La lutte pour la propriété des sols est déjà à l’origine de la plupart des conflits armés. D’où cette terre qui macule les corps des neuf danseurs du Regard de l’autruche et, tenace, finit par les souiller inexorablement. Malmenée, la divinité Pachamama coupe le corde de la mémoire de la terre d’origine et contraint ses habitants à l’exode. Une réalité colombienne qui trouve un même écho dans la danse. La métaphore finit par illustrer le propos de cette création.

Privés de parole, les Colombiens sont "un peuple très corporel", explique le chorégraphe. Comme dans la plupart des pays d’Amérique latine, le corps s’y exprime en liberté dans la danse et même les gestes mettent les accents aux mots. Pourtant, si la danse contemporaine "commence à se structurer", les compagnies n’ont que peu de moyens et les premières cuvées de danseurs formés en Colombie connaissent le même exode que ses paysans sans terre et intègrent, le plus souvent, des compagnies européennes.

Mise en images de notre dépendance

Encore un Basque à cette étape du festival Le Temps d’aimer. Le jeune chorégraphe Asier Zabaleta présente ce soir, au Colisée de Biarritz, un Look revigorant en créant un pont entre danse et vidéo. Lauréat de la plate-forme Dantza du gouvernement basque comme la jeune chorégraphe Blanca Arrieta qui menait réflexion sur le corps mercredi soir avec le chorégraphe irlandais John Scott Asier Zabaleta est pour sa part dans des considérations sur l’être et le paraître. Plus justement, sur notre rapport à l’image et, forcément, d’un paraître triomphant. Look parle de l’image obnubilante de l’être dans notre société. D’où cette nécessité, dans une danse théâtralisée, de faire appel à la vidéo, pour enrichir le langage scénique en jouant sur l’interaction et le dialogue entre les trois danseurs et l’image. Une approche sans artifice, qui entend établir un lien direct avec la mise en scène et le message à exprimer. Un message à la frontière de l’apparence et du moi véritable de l’individu, qui passe en revue les attitudes stéréotypées comme autant de normes sociales.
Accrorap contourne la danse à force d’acrobaties
Ca fait du bien de voir l’ambiance hip-hop recréée au Temps d’aimer, ou l’art du macadam s’inviter au théâtre, avec son public conquis d’avance, prêt à la surenchère des joutes dansées. Mais de surenchères en démonstrations, la compagnie Accrorap en oublie le liant de la danse pour revenir à une mise en scène scolaire. Sacrifiant au rituel du break dance, le hip-hop épatant de la troupe effectivement acrobatique, finit par rendre la performance gratuite et pour tout dire un peu longuette, puisque déclinée jusqu’à la corde successivement par la dizaine de danseurs. D’excellents breakers qui malgré quelques trouvailles, ne parviennent pas à rompre la superficialité effective d’une chorégraphie devenue accessoire. Dans ce registre, le Temps d’aimer nous a mal habitués, à commencer par la compagnie Rêvolution qui dans la danse commune, a déjà dépassé les prouesses individuelles.

Valéry Sallaberry/R.R.

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