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Fenêtre ouverte sur l’Argentine de Robles

Egilea
O.D.
Komunikabidea
Le Journal du Pays Basque
Mota
Albistea
Data
2007/09/15

Miguel Robles témoigne du réveil artistique que connaît l’Argentine depuis une dizaine d’années. C’est dans ce contexte que le chorégraphe de Buenos Aires donne le départ d’une carrière trépidante, qui le balade d’Amérique du Sud aux Etats-Unis, en passant par l’Allemagne et ce soir à Biarritz. Et la tâche est grande et difficile. Miguel Robles avoue être l’un des rares chorégraphes argentins qui bénéficient d’autant de subventions et se permettent donc autant de créations. La répartie d’un travail qui séduit.

Buenos Aires, "la ville théâtrale" comme il l’appelle en souriant, n’a qu’une troupe permanente, au théâtre San-Martin. Miguel Robles et sa compagnie préfèrent bouger, et c’est presque un luxe de pouvoir se le permettre. Invité de nombreux festivals, il reçoit des subventions pour créer et présenter des ¦uvres comme Deporte y Divertimiento à Buenos Aires, Just go au Québec ou Something beneath aux Etats-Unis. En effet, il y a quelque chose là-dessous. Le talent sûrement, et l’originalité. Le travail de Miguel Robles peut paraître provocateur. Son ¦uvre Desolado, qu’il présentera ce soir dans le cadre du festival de danse Le temps d’aimer, a choqué le nouveau gouvernement de son pays, venu sereinement assister au festival de Buenos Aires. L’artiste, sincère, avoue tout simplement être influencé par le fait d’être Argentin. Son Argentine rime avec "une vie compliquée, un labyrinthe où la situation ne peut pas changer, comme un disque rayé qui ne s’arrêterait pas de tourner". A écouter le chorégraphe, le message ne se voulait qu’artistique, mais la pièce dégage une expressivité qui dérange. Quand il vient la jouer en Colombie, le public s’y retrouve et se l’approprie. Miguel Robles s’en étonne d’abord puis s’en félicite : "les ¦uvres qui durent sont celles qui imposent une réflexion, celles qui ont du sens". Ce soir à Biarritz, le public pourra juger de ce qui fait vibrer les Argentins et leurs voisins. Et même si le chorégraphe refuse de se voir comme un "ambassadeur" de l’Argentine venu parler de son pays, il offre un tableau à des yeux préservés qui y verront des choses que l’artiste n’y voit plus, tant elles font partie de lui, et par conséquent de ses créations.



Voir au-delà de la beauté
"Il ne faut pas tout mélanger" s’énerve Irène Tassembedo tout en s’amusant. Certes ses danseurs sont beaux. Encore que pour la chorégraphe burkinabè, glorifier la virilité du corps noir reste une tendance européenne. Ses créations ne se basent pas sur la plastique de ses danseurs, enfin pas seulement. Souffles qu’elle présentera ce soir à la Gare du Midi, parle de l’esclavage, de l’emprisonnement dont ont été victimes les peuples d’Afrique durant l’Histoire.

Elle propose "une synthèse de l’esclavage passé, de l’esclavage moderne". L’esclavage moderne serait ce nouvel emploi artistique de l’homme noir à n’être qu’une couleur, qu’un corps libéré de ses chaînes et manifestement plus capable de s’adonner à la danse et au mouvement. "C’est faux, d’abord ils ne sont pas tous magnifiques et surtout, ils ne savent pas tous danser", Irène Tassembedo veut tordre le cou à un nouveau préjugé. Elle défend sa troupe, car "ce sont de vrais danseurs et je veux qu’on les juge pour leur travail". Elle s’offusque presque quand le public féminin trouve un caractère bestial, presque sexuel à ses créations : "elles y trouvent ce qu’elles veulent, mais moi ce n’est pas ce que j’aimerais qu’elles voient". Bien que ce genre de réactions la fasse rire avant tout, elle aime qu’on reconnaisse le caractère historique et engagé de son travail. D’autant plus que la chorégraphe s’attelle à des causes difficiles, comme son ¦uvre sur le génocide rwandais: "J’ai envie de pleurer à chaque nouvelle représentation, je n’ai même plus l’impression que c’est moi qui l’ait mise en scène tellement les danseurs se l’approprient". Ce soir elle montre des danseurs énergiques et sans pudeur, des hommes seulement. Elle y ajoute un clin d’¦il aux traditions de son continent, et espère que le charisme de sa troupe n’empêchera pas les spectateurs de regarder plus loin.



Le classique façon contemporain

La seconde partie de la soirée s’appelle Tabula Rasa et revisite le classique dans un style contemporain. Miguel Robles obtient en 2003 le prix "Théâtre du Monde" de l’Université de Buenos Aires pour cette pièce, influencée par les rencontres artistiques du chorégraphe tout au long de sa carrière. "Tabula Rasa est la possibilité de revisiter et de recomposer le genre, sans jugement de valeurs, ni prétentions esthétiques historiques", se justifie presque le chef de la formation. Les thèmes de sa contribution à la partition musicale d’Arvo Pärt sont "la crise, le choc, la volonté de créer quelque chose de nouveau." Miguel Robles ne peut s’empêcher d’être l’homme d’un pays qui connaît quelques difficultés, et en refusant d’exprimer une opinion, touche d’autant plus du doigt la réalité.

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