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Eta nik, txoria nuen maite
Dans la salle de répétition du Ballet de Biarritz, le maître de ballet dirige en français "la classe", autrement dit la séance où les corps s'échauffent et reprennent leurs réflexes, sur la pointe des pieds, quand celui de la détente de ces danseurs, choisis dans le monde entier, est l'anglais, pour des échanges dont les rires ne sont pas exclus.
Pour trois d'entre eux cependant, dimanche soir aura une saveur toute particulière, avec leur sentiment d'un "retour au pays" qui barre leurs visages d'un grand sourire.
Asier Uriagereka est né à Bilbao et, avec 10 ans de ballets sur le Rocher, il est l'un des "anciens" du Monte-Carlo, tandis que Beatriz Uhalte, native de Pampelune, et Asier Edeso, natif de San Sebastian, ne l'ont rejoint qu'en 2008.
"Sur ta photo, on est unis et souriants, mais on est aussi comme ça
dans la vie de tous les jours !", s'exclame Beatriz, pour qui le
privilège d'être sociétaire de Monte-Carlo n'empêche pas de ressentir un
petit mal du pays.
"Oui, nos parents étaient contents pour nous",
rajoute-t-elle, "mais ils savaient aussi qu'ils nous verraient moins. Et
que, de toute façon, à 16 ou 17 ans, on allait s'envoler dans des
endroits comme ici". Les 3 danseurs sont d'accord, ce "ici" désigne le
microcosme qui est le leur, désormais, quand, entre leurs multiples
répétitions et les tournées incessantes dans le monde, vous êtes à la
fois partout et nulle part.
Samedi matin, une matinée libre leur avait été accordée, et Asier Uriagereka l'a mise à profit pour se promener au Vieux-Port de Biarritz, humer cet air marin et cette côte qu'il affectionne. Avec plaisir, mais sans nostalgie, depuis qu'il s'est fait à l'idée que ses racines portent des chaussons de danse comme lui, et qu'il ne sert à rien de le regretter. C'est plus difficile pour Beatriz, "j'ai pu filer à Hendaye chez mes parents", s'exclame-t-elle, avec, dans les yeux, un soleil qui a manqué aux festivaliers ce samedi.
Mais ces trois compagnons de route sont unanimes sur leur fierté ("un
orgueil positif, ca se dit ?") de voir le Pays Basque "respirer la
danse".
"C'est un bonheur de voir toutes ces dates programmées en
Euskadi, à l'Arriaga de Bilbao, au Kursaal de Donostia, ou à Biarritz",
confie Asier Edeso, "comme si l'art était indispensable au Pays Basque"
rajoute Beatriz, tandis que "l'autre Asier" exprime son émotion de voir
ces salles pleines à craquer à chaque occasion.
Alors, lorsque sera
baissé sous les applaudissements l'ultime rideau de ce Temps d'Aimer,
ils le savent déjà, ils auront un petit pincement au cœur d'avoir été
ici mais aussi "là-bas", dans ce chez-nous qui est le leur quand ils s'y
retrouvent, ou auprès de la grand-mère de Beatriz qu'elle regrette de
n'avoir pas pu serrer dans ses bras, faute de temps.
S'envoler. Ce dimanche soir, leurs amis et leurs familles repenseront sans doute aux paroles du Hegoak du poète basque Mikel Laboa, Eta nik, eta nik, txoria nuen maite, sur ces oiseaux que l'on aime tellement qu'il aurait été imaginable de leur couper les ailes.
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