Entre bruissements d'ailes et introspection le Temps d'Aimer s'annonce libéré et enjoué

Corneille, étourneau, perruche de pennant, pie, geai, ce ballet est le fruit d'un long travail d'imprégnation mutuelle entre oiseaux et danseurs. Il met en évidence la complicité et l'écoute quasi «affective» qui sont au coeur même de ce travail.

«Luc Petton nous invite dans un monde où tous les imaginaires, liés au vol, à l'élan, se retrouvent pour une chorégraphie en fragile équilibre, sans cesse incertaine et changeante» racontent les organisateurs du festival.

Le projet est évolutif et le scénario progresse au rythme de l'arrivée de nouveaux oiseaux et des interactions entre les artistes de toutes disciplines. Dans ce spectacle, les oiseaux deviennent éléments indispensables, êtres «passerelles» pour atteindre la Joie. Luc Petton explique d'ailleurs à ce propos : «Je pose la Joie comme préalable à toutes mes créations et à toutes leurs représentations. Je veux parler de la Joie définie par Spinoza dans son Ethique, cette Joie qui augmente notre puissance à être, à être affecté et à affecter en retour».

Selon la Joie de Spinoza

Or, dans Spinoza, la joie est une passion par laquelle l'âme passe à une perfection plus grande. Ici, la joie n'est pas un état, mais un passage, une transition. Elle n'est en aucun cas une perfection en acte, comme on la trouve notamment chez Aristote. On perçoit alors aisément le rôle capital des oiseaux dans le spectacle.

Le chorégraphe révèle d'ailleurs à ce propos : «Au fil des saisons consacrées à ce projet singulier, une notion que je ne soupçonnais pas à l'origine apparaît comme un maître mot, une clef : `laisser-être'. Laisser, non pas au sens d'abandonner, rejeter ou encore ignorer, mais véritablement laisser être, restituer en sa liberté, délier, renoncer à s'approprier, à faire main basse sur les choses ou les êtres, à les utiliser. C'est aussi apprendre à tourner le dos à la profusion d'influences qui nous assaillent pour permettre l'éclosion d'un Monde «autre», sur un autre mode : on regarde et on aime, soucieux seulement de provoquer chacun à devenir ce qu'il est».

Aussi, danseurs et oiseaux redessinent un ciel, faiseurs de rêves et de liberté. Dans cette danse lente, dans cette rencontre entre êtres et ailes, on n'entrevoit pas moins que la vision d'un «nouveau monde». Une expérience fascinante et poétique à ne pas manquer.

Le deuxième spectacle de cette dix-neuvième édition du Temps d'Aimer, nommé Das Auge Der Welt par Stephan Thoss, est un «hommage à la magie mystérieuse de la musique qui sait toucher l'âme et stimule l'envolée de l'esprit dans des mondes fantastiques». Il s'agit d'un triptyque sur l'irréalité pour inscrire, non sans humour, les images figurées que procure la musique, dans une danse libérée et enjouée.

Cette soirée de ballets est partagée en trois parties. La première pièce, Tosende suchen (Silence orageux), plonge le spectateur dans un état vaporeux, entre illusion et réalité. On est immergé dans le monde subtil des rêves. Le deuxième ballet, Heim suchen (Chercher le chez-soi), renvoie quant à lui à la multiplicité des «Moi», entre l'identité ipse et l'identité idem de Ricoeur. C'est à un voyage intérieur dans la multiplicité des «Moi» que nous invite ici Stephan Thoss. Enfin, avec Boléro, on passe à une autre facette de la réalité, une réalité burlesque cette fois. Pour éviter les poncifs du Boléro, le chorégraphe fait danser six vieilles dames autour d'un café, qui vont se révéler d'une «vivacité délirante» au fur et à mesure du Boléro.

Locations à la gare du Midi du 11 septembre au 20 septembre de 11 h à 17 h 30 ou les soirs des spectacles à la Gare du Midi de 19 h à 21 heures. Réservations possibles tous les jours à l'Office du tourisme de Biarritz au 05 59 22 44 66. Tarifs pour La Confidence des Oiseaux de 16 euros à 28 euros. Tarifs pour Das Auge Der Welt : de 16 euros à 38 euros.