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Deux destins enfin réunis grâce à la magie de l'art
Des bouteilles de champagne avaient été disposées sur des tréteaux entre les toiles achevées ou en chantier, comme pour un vernissage pétillant. Pierre Baldi avait enfilé une belle chemise à pois et fait entrer le soleil dans son atelier.
Quand le danseur, musicien et chorégraphe biarrot Philippe Oyhamburu a serré la main du peintre, c'était comme si une injustice que réservent parfois les routes sinueuses du destin était réparée. Deux figures de la culture et des arts du BAB pouvaient enfin se rencontrer.
« Il était temps n'est ce pas ? », plaisantaient les deux hommes ravis et déjà complices. Ils auraient pu en effet fréquenter les mêmes bancs de l'école ou du lycée et habitent à 800 mètres l'un de l'autre depuis des lustres, avec le stade Aguilera en point de mire. Et pourtant, les deux créateurs ne se connaissaient jusqu'à présent que de réputation !
Ils totalisent près de 200 ans à eux deux. Pierre Baldi fêtera en effet ses 94 printemps dans deux mois. Et Philippe Oyhamburu qui a toujours fait le jeune homme, est entré dans sa 92e année.
La retraite non merciAutant le dire, ces deux artistes ont chacun des parcours artistiques extraordinaires et des vies bien remplies, mais ils n'ont jamais vraiment fait valoir leurs droits à la retraite.
Des ballets Etorki au chœur Etorburu, Philippe Oyhamburu que l'on ne présente plus, a pris goût aux voyages quand il avait vingt ans. Dans les années 1940, c'était pour aller à Paris. Depuis le cocréateur et premier directeur artistique des ballets Oldarra (de 1945 à 1953) a tourné dans le monde entier, de New York à Tbilissi, comme il le raconte dans plusieurs beaux livres.
« Je viens de faire la biennale de danse de Lyon avec Koldo Zabala 76 ans et Jean Nesprias, 86 ans, avec notre spectacle « Je me souviens ». Ce dimanche 2 décembre à 10 h 45, France 3 diffusera un grand reportage sur ce sujet dans l'émission Pyrénées. On vit un vrai rêve et ce n'est pas terminé », confie Philippe Oyhamburu, à nouveau happé par la magie de la scène.
Pierre Baldi de son côté expose toujours dans plusieurs galeries françaises et étrangères, dont la Villa Bellartea à Anglet, ville où il est né. « Je prépare une grande exposition l'été 2013 dans la Tour de Bordagain à Ciboure », s'enthousiasme le maestro qui peint à merveille le port de Ciboure et la cité corsaire. « La vie continue », ajoute Pierre Baldi qui ponctue de points virgules et de réflexions poétiques ses récentes toiles. Il a gardé une fougue incroyable et une âme d'enfant.
Depuis la disparition de sa femme, le plasticien qui a traversé plusieurs styles et époques artistiques livre une peinture plus intériorisée, s'attarde sur des thèmes mystiques, notamment une série de tableaux traversés par la douleur du Christ face aux déchirements de notre monde. Ou encore une autre série sur la Vierge. Il conserve une intense capacité de travail et une plus grande capacité encore à s'émouvoir de la beauté de la création.
Mais il serait injuste de conclure cette belle histoire, preuve que l'actualité n'est pas toujours sombre, sans rendre justice aux personnes qui ont organisé cette rencontre. Il s'agit de Jacques Pedehontaa, le maire de la commune de Laas en Béarn. Ce dernier connaissait les deux artistes séparément qu'il avait rencontrés ou croisés au château de Laas. Il a donc un peu forcé le destin. Soulignons pour être complet que Martine Cheniaux, enseignante retraitée était présente. Elle est en train d'écrire un ouvrage sur la vie et l'œuvre de Pierre Baldi, créateur discret qui dédia toute sa vie à l'art, vivant même à une époque en peignant des enseignes publicitaires sur le BAB.

C'est dans l'atelier extraordinaire de Pierre Baldi non loin du stade Aguilera que les deux artistes se sont enfin rencontrés il y a quelques jours seulement, non sans émotion. (photo O. B.)
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