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Hemen zaude: Hasiera Hemeroteka "Danse classique ou hip-hop, il faut venir de quelque part pour continuer le chemin."

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"Danse classique ou hip-hop, il faut venir de quelque part pour continuer le chemin."

Germaine Acogn, Koreografoa

Egilea
Michèle Solle
Komunikabidea
Le Journal du Pays Basque
Mota
Elkarrizketa
Data
2008/09/16

Née au Bénin, fille d'un énarque, lui-même fils d'une prêtresse Yoruba, elle grandit au Sénégal, fonde en 1968 son premier studio de danse africaine. Entre 1977 et 1982, elle dirige MUDRA(le geste) Afrique, école créée par Maurice Béjart et Léopold S. Senghor. Elle danse, chorégraphie et enseigne dans le monde entier, en 1985, elle fonde à Toulouse, avec son mari le Studio-Ecole-Ballet -Théâtre du 3e monde, travaille avec Peter Gabriel pour un clip, retourne au Sénégal en 1995 pour créer et construire de toutes pièces l'École Des Sables, Centre International de Danse Traditionnelles et Contemporaines Africaines.

Reconnue et chargée d'honneurs et de titres en France et au Sénégal, elle continue de danser.

Elle présente à Biarritz, avec sa compagnie Jant-Bi (le soleil) le ballet Fagaala (extermination) dont elle a écrit la chorégraphie avec le japonais Kota Yamazaki, maître du Buto. Rencontre avec une citoyenne du monde.

Que pense la petite fille qui est en vous de la trajectoire accomplie au cours de votre vie ?

Je revois une petite fille de 3, 4 ans, elle porte un foulard, c'était au Bénin juste avant la séparation de mes parents. Ma mère est partie en Côte d'Ivoire. Je sais qu'elle a eu une autre fille, j'ai donc eu une petite soeur qui s'appelait Yvette, mais je ne l'ai pas connue, elle est morte comme ma mère que je n'ai jamais revue. Quand ma fille a accouché, j'ai su que sa petite fille était la réincarnation d'Yvette. De même, je suis la réincarnation de ma grand-mère originaire du Nigeria et qui a été choisie comme prêtresse Yoruba au Bénin. Chez nous, le pouvoir passe par les femmes. Ma grand-mère, jusque-là stérile, a bu l'eau « d'Une » rivière et a pu, à l'âge de 60 ans, concevoir mon père. Elle lui a demandé de me transmettre ses dons. Mais il ne l'a pas fait. Il était administrateur des colonies, ne voulait pas que je fasse de la danse, j'ai donc suivi des études pour être professeur de sport.

Comment avez-vous rencontré Maurice Béjart ?

Le président L.S.Senghor voulait que le Sénégal soit la Grèce de l'Afrique, Roger Garaudy m'a fait rencontrer le président qui m'a confié le département danse. Et c'est au cours d'un voyage en Belgique en 1975, que ce dernier m'a présenté Maurice Béjart. Il venait de créer Mudra (le Geste). Le courant est passé immédiatement. Béjart est le fils du philosophe Gaston Berger originaire de Saint Louis du Sénégal, le même sang coulait dans nos veines. Sa propre mère s'appelait Germaine comme moi. Entre nous deux, il s'est agi d'une véritable filiation, il était le père qui me transmettait les secrets de la danse, se substituant ainsi à mon vrai père. Il m'a confié Mudra Afrique.

Autre rencontre importante, Helmut Vogt, votre mari, comment s'est elle passée ?

En 1981, mon école Mudra Afrique vivait ses derniers moments, j'ai décidé de faire un livre sur le Danses Africaines. Le photographe me pressait de terminer pour que le livre soit présenté à la foire du Livre de Francfort. Il avait raison, j'y ai rencontré Helmut, ancien banquier et publiciste, qui, pour se sortir d'une dépression avait décidé d'ouvrir une école de danse sur l'expression primitive. On ne s'est plus quittés. Depuis, nous travaillons ensemble.

Fagaala, le ballet que vous présentez ce soir à la Gare du Midi, traite du génocide rwandais. N'est ce pas la première fois que vous abordez un thème politique ?

Oui, c'est exact, là, je prends position. J'ai lu le livre de Boris Boubacar Diop Murambi, ( Le Livre des Ossements) et j'ai été bouleversée. Au Rwanda, un peuple s'est donné le droit d'en massacrer un autre. Ce ballet a tourné depuis 2002, dans de nombreux pays d'Afrique (et surtout Centrale) et du monde entier. Je revendique le droit aux origines, il faut prendre son destin en mains. Il faut se faire respecter ! Tant qu'on ne se respecte pas, on ne peut grandir, se faire reconnaître, apprendre. J'accuse les Africains de ne pas s'être mis d'accord pour s'imposer aux yeux du monde ! Tous les pays ont été colonisés un jour, il faut avancer !

Vous avez coécrit la chorégraphie de Fagaala avec le japonais Kota Yamazaki, venu du Buto, pourquoi ?

J'ai rencontré le Buto il y a 25 ans. Cette danse est née des cendres d'Hiroshima. C'est une forme de renaissance, de réincarnation, le danseur se transforme physiquement pour s'emparer des forces cachées. C'est une bonne base pour collaborer avec la danse traditionnelle africaine. Et d'ailleurs c'est ce que je demande à mes stagiaires de l'École des Sables, au Sénégal, qu'ils maîtrisent parfaitement leurs bases avant d'apprendre autre chose. Que ce soit la danse classique, le hip hop etc... il faut venir de quelque part pour continuer le chemin. les branches ne poussent que sur de bonnes racines.

Michèle Solle

 

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