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Danse basque dans sa puissance
Juan Antonio Urbeltz met en scène la danse traditionnelle basque. C’est dire qu’il n’exhume ni ne montre, si ce n’est des danseurs du plus haut niveau dans des chorégraphies aux techniques irréprochables. Il démontre plutôt, que la danse basque n’a rien à envier à aucune autre mais qu’elle est davantage qu’un répertoire prêt à intégrer une forme de classicisme basque. Car le chorégraphe et anthropologue, empreint de ce vocabulaire fondamental, y donne aussi du sens et y insuffle sa propre sensibilité, sa compréhension du mouvement, du rite aussi. Pour Claude Iruretagoyena, docteur ès danse traditionnelle basque de Biarritz, il est déjà ce “gardien du temple”. Un rôle certes crucial, à l’heure où les créations contemporaines puisent sans compter dans cette source de jouvence. Et d’autant plus majeur qu’il en maîtrise suffisamment l’alphabet pour en faire évoluer le langage. C’est dire que, contre les tentations du moment, qui tirent la danse traditionnelle basque vers la compréhension contemporaine, lui s’applique à créer dans un registre formel et classique. Un néoclassicisme de la danse basque qui, cette fois, s’attaque à l’exercice délicat de la narration.
Art délicat
Il y a bien eu un précédent, avec la parole sur scène de Koldo Amestoy. Mais cet art est délicat. D’abord, bien sûr, en raison du langage métaphorique de la danse qui se passe si bien des mots. Mais aussi parce que les danses basques sont déjà chargées de sens. Le chorégraphe Mizel Théret, qui sera présent au Temps d’Aimer ce samedi 15 septembre dans le cadre d’un stage et qui a longtemps fouillé dans les entrailles de la danse traditionnelle, s’est aussi heurté à la problématique de raconter une histoire avec ces danses. C’est que chaque pas est déjà chargé de ses codes propres. En utilisant ce nouvel ingrédient, sur les pas du héros littéraire Martin Zalakain, Juan Antonio Urbeltz livre son spectacle le plus singulier et tente le pas en terra incognita. L’aventurier s’est assuré dans ce périple de solides compétences, avec l’écrivain Harkaitz Cano et le metteur en scène Ander Lipus qui est aussi le narrateur de cette histoire rocambolesque, inventée par Pio Baroja en 1908. Pour façonner cette nouvelle forme de danse, Juan Antonio Urbeltz a aussi bien emprunté à la pastorale souletine qu’aux ballets russes et français ou aux formes de la renaissance italienne. Les mots lui manquaient donc. Des mots actuels et sans nostalgie, qui sont la pensée d’aujourd’hui, comme l’indique aussi la présence des femmes dans le ballet. Car si la danse traditionnelle basque semble faire la part belle aux hommes, à l’inverse de la tradition classique française, leur réintégration ne se fait pas non plus sur le mode de la parité contrainte. “Dans quelle danse ?” s’interroge d’abord Juan Antonio Urbeltz. Et comment intégrer les hommes aux rôles féminins ? Juan Antonio Urbeltz est le plus moderne des chorégraphes de tradition.
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