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Biarritz : dans les pas de Thierry Malandain

Article abonnés La troupe passe 200 jours par an loin du centre chorégraphique national. La logistique, comme la chorégraphie, est sans faille

Egilea
Veronique Fourcade
Komunikabidea
Sud Ouest
Mota
Erreportajea
Data
2016/04/02
Lotura
Sud Ouest
Bordeaux Arcachon Médoc Libourne Langon La Rochelle Saintes Royan Cognac Angoulême Périgueux Agen Pau Bayonne Biarritz Mont-de-Marsan DaxLa carrosserie affiche Le Basque bondissant, mais l'autobus qui vient de quitter la Gare du Midi, à Biarritz, pourrait arborer « Le Belge tourbillonnant » ou « La Japonaise virevoltante ». Il est 11 heures ce lundi matin et du creux des fauteuils s'élèvent des interpellations en anglais, suivies...

La carrosserie affiche Le Basque bondissant, mais l'autobus qui vient de quitter la Gare du Midi, à Biarritz, pourrait arborer « Le Belge tourbillonnant » ou « La Japonaise virevoltante ». Il est 11 heures ce lundi matin et du creux des fauteuils s'élèvent des interpellations en anglais, suivies de réponses en espagnol, d'interjections en flamand… Lorsque la langue de Molière s'impose, c'est dans un savoureux melting-pot qui interroge « Tes chevilles, c'est painful aujourd'hui ? » ou « Donde està le programme pour next week ? »

La compagnie Malandain est internationale par sa composition, mais aussi par son rayonnement : elle est sur les routes et dans les airs plus de 200 jours par an ce qui en fait, avec le ballet Preljocaj d'Aix-en-Provence, le ballet français qui s'exporte le mieux (lire par ailleurs).

La classe a lieu tous les jours . En tournée, elle a lieu sur scène avant que le plateau n'accueille le spectacle. Dans « La Belle et la bête », les costumes et décors noir et or marquent les côtés sombres et lumineux de la bête. À la fin de l'échauffement qui précède l'entrée en scène, Thierry Malandain encourage ses danseurs d'un affectueux bisou© Photo Emilie Drouinaud

Dates à Hong Kong et en Chine

Un tel calendrier exerce sur les corps de sérieux contrecoups : après 20 minutes de ronron autoroutier, les conversations se sont tues dans la tour de Babel à roulettes du Basque bondissant. La plupart des 22 danseurs dorment, en vrac sur les banquettes ou bien bloqués sur les appuis têtes, écouteurs dégoulinant des oreilles. Le photographe Olivier Houeix parle d'une voix si basse que le bruit du clavier d'Yves Kordian cache sa conversation. « Le Basque bondissant nous fait une fleur : non seulement on a notre chauffeur attitré, Bernard, mais il a un bus équipé de WiFi. Cela me permet de travailler en accompagnant la troupe. »

© Photo Emilie Drouinaud

Sur la route de Pampelune, pour la tournée en Pays basque espagnol de ce début d'année, le directeur délégué règle les détails de la tournée en Asie au mois d'avril. « On vient de rajouter deux représentations à Hong Kong, ce qui fera quatre en tout. Ensuite, on part pour cinq dates en Chine populaire. »

La régie voit double

À l'arrivée au théâtre Baluarte de Pampelune, c'est Oswald Roose, le directeur technique qui entre en scène. L'une de ses deux équipes est arrivée la veille, directement depuis Bilbao. La deuxième est déjà à Saint-Sébastien pour le spectacle suivant.

Les décors sont montés, prêts à être installés en fin d'après-midi. « Avant de se préoccuper de la représentation, les danseurs ont leur échauffement à 14 heures, puis la classe à 15 heures, avec Richard Coudray. On installe le sol et des barres comme dans le grand studio de Biarritz. » Trois grands costauds reliés par talkie-walkie sont à la manœuvre pendant que les danseurs s'installent dans les loges. Ils ont récupéré leurs sacs, valises de maquillages qui voyagent avec décors et costumes dans le semi-remorque de la troupe.

Séance de maquillage de Claire Lonchampt, la Belle© Photo Emilie Drouinaud

Le rayon habillage est le royaume de Karine Prins. « Cela fait douze ans que je suis en coulisse, s'amuse celle qui regarde grandir les danseurs. Il est arrivé que certains m'appellent ‘‘maman'', par lapsus. C'est vrai que je prends en charge des choses qui leur sont personnelles, comme dans une famille. » Depuis le matin, avec une assistante, elle a lavé, repassé et au besoin recousu les costumes de chacun. Chaque vêtement est sur cintre, classé par ordre alphabétique : Arnaud, Baptiste, Claire, Clara… « Pendant le spectacle, chacun se débrouille, sauf pour les habillages rapides où je suis là pour les aider à se changer. »

Classe et corrections

Vers 14 heures, la scène commence à s'agiter mollement avec l'échauffement. Chaque danseur travaille à son rythme, pratique les exercices et étirements qui lui conviennent. La rigueur s'installe à 15 heures pour « la classe » comme on dit dans le jargon du ballet.

Richard Coudray envoie la musique, fait claquer les tempi entre ses doigts en annonçant les positions et pas. Les enchaînements sont répétés jusqu'à la perfection. « Parfois difficile à atteindre », glisse Thierry Malandain, qui laisse à son maître de ballet ce polissage quotidien de la technique et de l'énergie de chaque danseur.

© Photo Emilie Drouinaud

La classe dure près de deux heures et, les jours de représentation, est suivie des « corrections » données par Thierry Malandain. Celui-ci a déjà égaré deux ou trois fois son cahier rouge dans lequel il a noté ce qu'il voulait ajuster. « Chaque spectacle est filmé, mais il prend toujours des notes depuis la salle, au milieu du public, dans le noir », raconte Yves Kordian.

La relecture n'est pas toujours aisée, mais s'il se déchiffre, le créateur sait précisément ce qu'il veut : hauteur d'un avant-bras, atmosphère qui se dégage du groupe, déroulement d'un porté, orientation d'un regard.

Le rituel du bisou

Il est 18 heures. L'orchestre d'Eus- kadi a pris possession de la fosse. Le revêtement de sol est nettoyé et ne devra plus être foulé pour rester d'un noir d'ardoise. Les danseurs regagnent l'intimité de leurs loges, cassent une graine qui ne pèsera pas sur l'estomac avant de se préparer pour la représentation. Les filles n'ignorent plus rien de l'art de tirer leurs cheveux en chignons. « Pour le maquillage, c'est assez outrancier », s'amuse Claire Lonchampt qui interprète la Belle, dans le ballet « La Belle et la bête ». Sous les projecteurs, un teint ne doit paraître ni gris ni jaune et le regard ne perce qu'au travers d'yeux soulignés de noir.

Quinze minutes avant que le rideau ne se lève, pendant que le public s'installe et que ses interprètes rejoignent la scène, Thierry Malandain s'approche de chacun d'eux pour claquer une bise. C'est l'indispensable rituel du bisou, qui encourage et soude la famille avant le grand saut. Tout est prêt, le spectacle peut commencer.

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