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«Aujourd’hui, tout le monde danse. Je veux aller au-delà et partager une idée»

Entretien avec Carolyn Carlson / Danseuse, chorégraphe et poétesse

Synchronicity, une pièce qui interroge les tournants d’une vie. Une pièce pour neuf danseurs conçue comme un questionnement profond et lumineux de l’impermanence de l’existence humaine, sa fugacité. Carolyn Carlson, figure de la nouvelle danse, en est l’auteure. Cette Californienne d’origine finlandaise donne naissance à des œuvres témoins de sa pensée poétique, où le mouvement occupe une place privilégiée.
Egilea
Cécile Vignau
Komunikabidea
Le Journal Du Pays Basque
Mota
Albistea
Data
2013/02/26
Lotura
Le Journal Du Pays Basque

En collaboration avec le Théâtre de Chaillot de Paris, en pleine création pour l’Opéra de Bordeaux, l’éternelle créatrice Carolyn Carlson multiplie les projets, entre danse et poésie. Synchronicity, créée au printemps 2012 au Centre chorégraphique national de Roubaix, est donnée ce soir et pour une seconde représentation au Théâtre de Bayonne, en partenariat avec la Scène nationale Bayonne Sud aquitain.


Synchronicity, pourquoi ce terme de Carl Jung en titre de la pièce ?

Synchronicity, c’est l’expérience d’une chose “autre”, de l’inattendu. Quand on rencontre quelqu’un, c’est le fruit de l’inattendu, on ne le prévoit pas. Je trouve le discours de Jung à ce sujet fascinant. Nous avons tous des moments importants dans notre vie, et l’on ne peut pas forcément toujours les appréhender. Des choses très profondes et qui surviennent dans notre vie à tous, comme l’amour, que l’on porte à quelqu’un comme celui que l’on reçoit, la souffrance, la mort d’un proche. Et la manière dont nous vivons ces étapes et comment elles nous transforment. Des portes s’ouvrent à chaque fois.


Le spectacle rejoint toutes ces étapes inattendues ?

Oui, on les retrouve dans les 16 tableaux. C’est une pièce qui fait appel à la mémoire. On pense à quelque chose, mais cette chose est floue, voire ralentie. Ce travail sur l’inattendu est également fait en collaboration avec les neuf danseurs, dans une complicité partagée. Au départ, j’énonce les idées, mais ensuite, nous improvisons tous. Je travaille beaucoup sur l’improvisation.

Dans votre processus de création, vous partez généralement d’une idée ?

Oui, je viens avec plusieurs peintures, poésies. De là, chacun des danseurs débarque avec sa propre expérience de la “synchronicity”, pour parler de ce spectacle. La rencontre se fait. Isida Micani, l’une des danseuses, vient de l’est de l’Albanie. Chez elle, la communauté est très forte. De par la pauvreté, il y a un fort esprit de solidarité. Venir en France reste difficile pour elle, notamment d’un point de vue culturel, elle perd son identité. Ici, elle fait un solo où nous travaillons sur cela et sa propre approche à elle. Ces rencontres avec chacun des danseurs me changent, me renouvellent.

J’aime beaucoup ce travail à partir d’idées. Aujourd’hui, tout le monde danse. Les pas, les gestes… Je veux aller au-delà pour partager une idée avec le public. Le but est de lui ouvrir l’imagination, de le faire réfléchir. J’essaie de transmettre un espoir profond.


Synchronicity rappelle aussi les préceptes bouddhistes.

Oui un peu. Un autre des thèmes soulevés par la pièce est l’impermanence de la vie, l’un des préceptes bouddhistes. Autrement dit, la vie est en perpétuel changement et nous partons avec elle. Notre état présent non éveillé est impermanent. De la même manière que la danse : nous voyons un spectacle, un moment fugace. Seule reste la mémoire de ceux qui y ont assisté.

Il y a aussi la notion de souffrance. Nous souffrons tous à certains moments de notre existence. Et cette souffrance est nécessaire, elle est importante. Il ne faut pas l’éviter, mais plutôt vivre avec, et y trouver de l’espoir.


Par rapport à la bande-son, on retrouve Henry Purcell comme Bruce Springsteen ou encore Leonard Cohen. Vous aimez ce mélange des genres ?

Oui, tout à fait. En fait, chaque tableau revêt une musique qui lui est propre. Par exemple, un tableau sur l’amour est accompagné de Chealsea Hotel de Leonard Cohen. Tout le monde connaît cette chanson. De fait, cela ajoute de la force de la pièce. On retrouve aussi du Tom Waits pour évoquer l’amour brisé, ou Purcell pour le chemin de la spiritualité.


Thierry Delcourt prépare actuellement une biographie sur vous. Il dépeint Synchronicity comme illustrant parfaitement votre univers de création. Vous êtes d’accord avec cela ?

Oui, parfaitement. Synchronicity reste une pièce ambitieuse dans ma carrière. On y voit le besoin de se réinventer qui m’anime. Par ailleurs, la biographie de Thierry Delcourt devrait paraître début 2014.


Vous entretenez un rapport étroit avec la poésie. Vous abordez danse et poésie de la même manière ?

Dans mon travail, je ne parle pas de danse, mais de poésie visuelle. J’ai écrit plusieurs livres, recueils de poésie. Quand je prépare une pièce, je l’écris, je remplis des carnets de notes, d’idées. Je reste très proche de la poésie. Mes pièces ne racontent pas une histoire : chaque tableau reste profond dans les images et dans la perception. J’aime beaucoup la poésie dans la danse.


Avec Synchronicity, vous signez l’une de vos dernières créations à la tête du Centre chorégraphique national (CCN) de Roubaix.

Il y a aussi Dialogue avec Rothko. C’est un solo, car oui, je danse toujours. J’ai choisi Rothko que j’admire énormément, c’est une sorte d’hommage à l’artiste expressionniste. Il y a deux ans, le musée Beaubourg m’a commandé un petit texte sur un peintre : j’ai choisi Mark Rothko. De là, j’en ai fait un solo. C’est une création assez théâtrale, entre gestes et mots.

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