Edukira salto egin | Salto egin nabigazioara

Tresna pertsonalak
Hemen zaude: Hasiera Hemeroteka Mascarades, d'utilité sociale

Dokumentuaren akzioak

Mascarades, d'utilité sociale

Entretien Eric Dicharry. Auteur d'une thèse sur les mascarades

Egilea
Clémence Labrouche
Komunikabidea
Le journal du Pays Basque
Mota
Elkarrizketa
Data
2010/01/16

Pourquoi les mascarades sont très populaires au Pays Basque, mais restent très peu connues à l'extérieur ?

Les pastorales, que j'appellerai «théâtre officiel de Soule» s'opposent aux mascarades, «théâtre officieux» souletin. Contrairement aux premières, ces dernières sont davantage destinées à un public local. Tout d'abord, ses textes s'empreignent de la réalité sociale, des petits secrets des souletins ou de ceux du village. Ensuite, Il y a un aspect assez sauvage dans les mascarades qui pourrait donner une image un peu négative de la Soule pour une personne extérieure. Aussi, les souletins mettent en avant une seule partie de la bipartition, partie axée sur les danseurs. Enfin, le fait que la majorité des textes soient écrits en souletin préserve le secret qui les entoure.

Quelles sont les utilités sociales et culturelles des mascarades ?

Dans un temps de crise linguistique comme peut le connaître la Soule (comme le Pays Basque nord en général), l'occasion est donnée pour la population, et en particulier pour les jeunes, de réaffirmer leurs identités, de se réapproprier la langue et de voir qu'il y a une utilité sociale (tout du moins culturelle) à la langue.

Limiter les mascarades à son aspect de danse, ce serait vraiment dénaturer le rite qui a mon avis à pour fonction essentielle d'être une sorte de psychanalyse de place de village. Les gens disent tout haut ce qu'ils pensent tout bas durant toute l'année. C'est aspect psychanalytique est intéressant dans le sens où les mascarades peuvent être une alternative pour désamorcer les conflits identitaires, linguistiques mais aussi des conflits sociaux et d'intérêts. C'est un moyen pour la société de se régénérer et de repartir sur de nouvelle base. C'est le principe du Carnaval.

A travers des mascarades, est-ce qu'on remarque une évolution du rire «basque»?

La mascarade est un trait d'union qui permet de resserrer les liens d'abord entre villageois et ensuite entre chaque village visité. Il y a une sorte de paradoxe dans le rire, dans le sens où il rend familier les histoires locales mais nationales, voire internationales. Ils peuvent se moquer des hommes politiques ou des institutions. La FNSEA est ainsi devenu Fais Notre Sillon En Arrière.

Il y a aussi les petites histoires qui sortent, et ce rire-là, qui peut-être corrosif, est un humour est propre aux Basques en général. Autrefois, dans la société basque, il y avait une part d'autodérision assez importante dans la société. Aujourd'hui, on va plus facilement se moquer des autres que se moquer de soi. En Soule, c'est toujours l'autre qui est montré du doigt (même s'il peut y avoir autodérision aussi).

Quelles peuvent être les conséquences immédiates de ce rire ?

Il peut y avoir des lettres anonymes de personnes qui ne sont pas d'accord avec ce qui a été dit. Si on se prête au jeu des mascarades, il faut être prêt à relativiser sa propre personne et sa personnalité en apprenant à rire de soi-même. En tout cas à ne pas se prendre au sérieux. Le village organisateur dit aux autres villages leurs vérités, en sachant pertinemment qu'un jour viendra où ce sera l'inverse. L'important est dans la réciprocité du «dire».

Dokumentuaren akzioak